La Réserve fédérale américaine a dressé mercredi un tableau calamiteux de l'activité économique aux États-Unis en janvier et février, l'ensemble des secteurs restant enfoncés selon elle dans une profonde récession.

«La conjoncture économique nationale s'est encore détériorée» sur cette période, a affirmé la Fed, qui se base sur des informations recueillies jusqu'au 23 février.

Ce constat l'a poussée à estimer «les perspectives d'une amélioration à court terme de la conjoncture comme faibles, avec une reprise importante qui n'est pas attendue avant fin 2009 ou début 2010».

Le produit intérieur brut des États-Unis s'est déjà contracté de 6,2% au quatrième trimestre, et le président américain Barack Obama a prévenu lundi que le premier trimestre «ne promet[tait] guère d'être meilleur».

«Avec des licenciements en hausse et des gels des embauches, le chômage a grimpé dans toutes les régions, réduisant ou éliminant totalement les pressions en faveur d'une hausse des salaires», a souligné la Fed, dans ce rapport de conjoncture périodique qui doit servir de document de travail à la banque centrale lors de sa réunion de politique monétaire les 17 et 18 mars.

La banque centrale a déjà un taux directeur qui a atteint son plancher, puisqu'il a été fixé depuis décembre à une fourchette de 0 à 0,25%.

Le secteur financier américain ne se sort pas de ses problèmes, selon elle. «Ce qu'ont rapporté les banques et d'autres institutions financières a montré de nouveaux reculs de la demande des prêts de la part des entreprises, une légère détérioration de la qualité du crédit chez les entreprises et les ménages, et un niveau de crédit disponible toujours restreint».

«Les prêteurs ont continué à imposer des normes strictes pour tous les types de prêts, avec des informations éparses d'un nouveau resserrement et une attention particulière portée sur les projets de construction et les transactions dans l'immobilier commercial», a expliqué la Fed.

«Les marchés de l'immobilier résidentiel sont restés largement en stagnation, avec seulement des signes minimes et épars de stabilisation qui se font jour dans certaines régions, tandis que la demande d'immobilier commerciale s'affaiblissait considérablement», d'après la Fed.

L'industrie est sinistrée. «Les statistiques sur l'activité industrielle ont montré des baisses brutales dans certains secteurs, et des baisses prononcées dans l'ensemble», s'est inquiétée la banque centrale.

Les services (hors services financiers) sont aussi victimes d'une «baisse considérable de l'activité accompagnée de vastes suppressions d'emplois».

A la base de cette profonde récession, la consommation, moteur traditionnel de la croissance américaine, est toujours grippée. «Les dépenses de consommation sont restées très faibles», note la Fed, «malgré un léger raffermissement relevé dans de nombreuses régions, en particulier si on compare avec des ventes lors de la saison des fêtes qui furent très décevantes».