Avec un taux directeur de 0,5% et une économie qui continue de s'enfoncer dans la récession, il est de plus en plus clair que la politique monétaire traditionnelle a ses limites pour sauver la mise.

C'est du moins ce qu'affirme Douglas Porter, économiste de la Banque de Montréal, qui s'intéresse particulièrement aux mots «assouplissement quantitatif» lancés dans le communiqué de la Banque du Canada ce matin.

Cet assouplissement, résume M. Porter, est essentiellement un processus par lequel la banque centrale crée de l'argent en achetant des actifs elle-même. Cela peut comprendre des obligations gouvernementales, du papier commercial adossé à des actifs, ou dans un cas extrême, des actions. Le tout pour relancer la circulation d'argent au sein de l'économie.

C'est une stratégie qu'utilise en douce la Réserve fédérale des États-Unis pour acheter des titres de dette et des titres adossés à des créances hypothécaires. La Banque du Japon y a eu recours pour combattre la déprime économique des années 1990. La Banque d'Angleterre veut aussi compter sur cette arme dans son arsenal.

«C'est une étape potentiellement agressive, lance Douglas Porter. [La Banque du Canada] ne s'engage pas envers l'assouplissement quantitatif de façon certaine, mais elle met en place les plans nécessaires.»

Les premiers gestes pourraient être posés dès le printemps. «Si rien n'arrivera probablement avant la décision du 21 avril, prédit M. Porter, cela pourrait être très peu de temps après. Pour le dire simplement, la Banque se prépare à remuer ciel et terre pour soutenir l'économie.»

Mathieu d'Anjou, économiste principal au Mouvement Desjardins, se veut un peu plus prudent. «La Banque du Canada devrait maintenir son taux directeur à 0,5% pour plusieurs trimestres et tenter de soutenir l'économie et le système financier à l'aide d'outils non traditionnels, dont l'octroi direct de crédits. On ne peut toutefois exclure des taux à zéro et une véritable politique quantitative si ces nouveaux outils se révèlaient insuffisants.»