Depuis sa mise en faillite en janvier, Nortel (T.NT) a l'air d'un patient aux soins intensifs. Hier, le patient a reçu les résultats de ses derniers examens médicaux. Conclusion: il n'est pas près de quitter son lit d'hôpital.

L'entreprise torontoise a annoncé hier avoir perdu 5,8 milliards US sur un chiffre d'affaires de 10,4 milliards US en 2008. Au dernier trimestre, Nortel a perdu 2,1 milliards US. Ses revenus pour le trimestre étaient de 2,7 milliards US, en baisse de 15% comparativement à ceux du quatrième trimestre de 2007.

 

Quelques bonnes nouvelles se cachent toutefois derrière ces résultats financiers troublants. Les liquidités de Nortel, placée sous la protection de ses créanciers le 14 janvier dernier, sont évaluées à 2,4 milliards US. Sa marge de profit (avant les dépenses amortissables) a augmenté au dernier trimestre. Ses dépenses ont été réduites de 30%, et le grand patron n'a pas perdu espoir. «Alors que nous continuons notre processus complexe de restructuration, notre priorité continue d'être de faire des services de grande qualité à nos clients», a dit Mike Zafirovski, PDG de Nortel, par voie de communiqué.

L'analyste boursier Todd Coupland, de CIBC Marchés mondiaux, a parcouru en vitesse les derniers chiffres de Nortel. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas tant le dernier bulletin médical du patient que ses chances de guérison. «Les résultats financiers du dernier trimestre sont un peu meilleurs que prévu, mais là n'est pas la question, dit-il. Nortel a beaucoup de dettes et doit trouver un plan de relance.»

Selon Todd Coupland, Nortel est un monstre à trois têtes qui devra à un moment donné choisir entre ses trois spécialités: la fibre optique, les réseaux internet sans fil et les services offerts aux entreprises, notamment en téléphonie commerciale. «L'entreprise devra faire des choix», dit l'analyste à CIBC Marchés mondiaux.

Un autre analyste ayant voulu conserver l'anonymat est plus optimiste à propos de l'enfant terrible du secteur techno canadien. «L'entreprise a réussi à contrôler ses coûts, dit cet analyste. Dans le contexte actuel, on pourrait même qualifier ces résultats de fantastiques.»

Selon les deux analystes, Nortel aurait offert ses activités de fibre optique à ses concurrents, mais le prix exigé aurait été jugé trop élevé par ceux-ci.

Autre hypothèse circulant dans les milieux financiers: Nortel, qui a déjà licencié 3200 de ses 30 000 employés dans le monde, terminera sa restructuration avant d'être absorbée d'un seul coup par un concurrent. Dans ce cas, un seul hic: l'entreprise n'a que 2,4 milliards de liquidités alors qu'elle en brûle environ un milliard par année. Le temps presse. C'est peut-être pourquoi Nortel a nommé hier son chef de la direction financière Pavi Binning comme responsable de la restructuration de l'entreprise. «Le contexte économique est toutefois difficile pour réaliser des transactions de cette envergure présentement», dit Todd Coupland, de CIBC Marchés mondiaux.

Hier, Nortel n'a pas tenu de téléconférence pour faire le point avec le milieu boursier, comme le veut la tradition à la fin d'une année financière. De toute façon, les questions des analystes auraient été déprimantes. En 2008, le titre de Nortel a fondu de 14,98$ à 0,32$. Il s'agit d'une dégringolade de 97,9%. Le titre a terminé la séance d'hier à la Bourse de Toronto à 10 cents, en baisse de 4,76%.