L'économie mondiale avance à reculons: la plupart des pays européens ont confirmé une récession qui risque de durer en 2009, les chiffres du Japon attendus lundi s'annoncent encore pires.

Malgré l'adoption imminente du plan Obama aux États-Unis, la perspective d'une reprise s'éloigne.Depuis jeudi, une douzaine de pays européens ont confirmé un net recul de leur PIB au quatrième trimestre: France, Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas, Portugal, Hongrie, Autriche, Estonie...

Les seules exceptions pour l'instant sont la Grèce, la République tchèque et la Slovaquie, qui restent en croissance, mais ralentie.

Confirmant cette tendance, les dernières statistiques pour l'ensemble de la zone euro montrent un recul de 1,5% du PIB au quatrième trimestre, du jamais vu depuis sa création.

Pour 2009, les prévisions s'annoncent encore plus sombres. Notamment pour l'Espagne qui prévoit une baisse du PIB de 1,6% en 2009 et pour la France qui s'attend à une baisse «d'au moins 1%». La Commission européenne prévoit un recul du PIB en 2009 de 1,9% dans la zone euro, le FMI de 2%.

Au Japon, qui dévoilera lundi les chiffres du quatrième trimestre, les économistes s'attendent à un plongeon du PIB de 3% par rapport au troisième trimestre et de 11,6% en rythme annuel.

Aux États-Unis, le recul a été de 3,8% au quatrième trimestre, selon des chiffres provisoires, le pire depuis 1982.

La fin de la crise mondiale paraît maintenant plus lointaine, en dépit du plan de relance américain de 789 milliards de dollars US que les deux chambres du Congrès s'apprêtent à voter, probablement dès vendredi.

Aux États-Unis, l'hypothèse officielle d'un retour de la croissance courant 2009 paraît désormais improbable, comme l'a reconnu le conseiller économique du président Barack Obama, Lawrence Summers, pour qui la reprise pourrait n'arriver que début 2010.

Les gouvernements tentent maintenant de garder le contrôle de la situation. Vendredi et samedi, les ministres des Finances des pays du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon) se réunissent à Rome, afin d'ausculter l'économie mondiale et de tenter de limiter le recours à l'arme du protectionnisme.

«Je crois que l'Allemagne en particulier à tout intérêt à s'assurer, lors des prochaines rencontres internationales, que le monde ne répète pas les erreurs des années 1930», a lancé le ministre allemand des Finances, Peer Steinbruck, mettant en garde contre un retour au protectionnisme.

Les industries européennes sont elles aussi touchées de plein fouet par la crise, notamment l'automobile. Les ventes de voitures neuves en Europe ont ainsi connu leur pire mois de janvier en deux décennies, avec un effondrement de 27%.

Le français Michelin a vu son bénéfice laminé de 53,8% en 2008 et craint une année 2009 «extrêmement difficile». Le géant allemand de l'acier ThyssenKrupp a annoncé une chute de 53,4% de son bénéfice trimestriel imposable, et l'équipementier automobile français Valeo a enregistré une perte nette de 207 millions d'euros en 2008.

Dans le transport aérien, qui pâtit d'un recul des voyages d'affaires, la compagnie franco-néerlandaise Air France-KLM a décidé de supprimer 1000 à 1200 postes.

Le groupe bancaire Lloyds Banking Group, issu de la fusion entre Lloyds TSB et HBOS, a prévenu vendredi que cette dernière avait connu une perte avant impôt d'environ dix milliards de livres (11,2 milliards d'euros) en 2008.