L'hypothèse officielle d'un retour de la croissance aux États-Unis en 2009 paraît désormais difficile à soutenir vu l'état de délabrement de l'économie dont témoignent les derniers indicateurs, et certains responsables haut placés semblent en avoir pris leur parti.

Alors que la Réserve fédérale table toujours sur un début de rétablissement de l'économie au cours de la deuxième moitié de l'année, le conseiller économique du président Barack Obama, Lawrence Summers, a estimé lundi que la reprise économique aux États-Unis pourrait n'arriver qu'au début de 2010.Interrogé sur la chaîne de télévision CNN par un journaliste qui lui demandait quand l'économie repartirait et quand le pays se mettrait à recréer des emplois, M. Summers a répondu très vaguement. «Peut-être vers la fin de l'année, peut-être au début de l'année prochaine», «peut-être plus tôt».

Les dernières prévisions de la Fed ont été publiées au début de janvier et témoignent de la vision que ses dirigeants avaient de l'économie à la mi-décembre. Ceux-ci estimaient alors que le produit intérieur brut devrait reculer sur l'ensemble de l'année, mais que la récession devrait laisser place à une reprise de l'activité au second semestre.

Néanmoins, la première économie de la planète a montré de nouveaux signes d'affaiblissement profond depuis la mi-décembre.

Selon les chiffres publiés la semaine dernière, les États-Unis ont perdu près de 600 000 emplois en janvier, ce qui porte à 3,6 millions le nombre de postes supprimés depuis le début officiel de la récession en décembre 2007.

Qui plus est, la moitié de ces destructions d'emplois ont eu lieu au cours des trois derniers mois.

«Cela signifie que les problèmes s'accélèrent au lieu que la situation s'améliore», a reconnu lui-même lundi M. Obama lors de sa conférence de presse, au cours de laquelle il a exhorté le Congrès à adopter rapidement le plan de relance présenté par son gouvernement.

«Malheureusement», au vu des derniers chiffres, «l'économie est engagée dans une descente tellement raide que l'on voit mal comment ce plan pourra donner une impulsion suffisamment rapide pour changer un tant soit peu les choses en 2009», relève Nigel Gault, économiste au cabinet IHS Global Insight.

Selon le département du Commerce, le PIB, qui a reculé de 0,5% au troisième trimestre, a plongé de 3,8% au quatrième, ce qui n'était pas arrivé depuis 1982. Mais ce chiffre n'est que provisoire, et nombre d'analystes s'attendent à une révision défavorable de cette première estimation.

Après la publication des chiffres du commerce extérieur mercredi, qui ont témoigné d'un plongeon des exportations en décembre, Elsa Dargent, économiste de Natixis, estime que la contribution du commerce extérieur au PIB a été négative «de plus d'un demi-point en rythme annuel» au quatrième trimestre, alors que le ministère l'a donnée comme positive (+0,1 point) fin janvier.

Pour M. Gault, les chiffres de mercredi sont le signe que le PIB s'est contracté de plus de 5%, comme le prévoyaient nombre d'analystes.

Utilisant la langue feutrée des banquiers centraux, un des dirigeants de la Fed, Gary Stern, a estimé il y a quelques jours que «la récession devrait persister jusqu'à la moitié de l'année» et que «les premiers stades de la reprise devraient vraisemblablement être discrets».

D'après lui, «le retour d'une croissance robuste», n'arriverait que dans la seconde moitié de 2010...