Hausse de 5% du dividende; dégraissage de l'équipe de direction; réduction massive des dépenses; rapatriement de centres d'appels de l'Inde vers le Canada: BCE (T.BCE) a expliqué de larges pans de sa nouvelle stratégie, hier.

Pour la première fois depuis plus de deux ans, le géant des télécoms a tenu à Toronto une journée d'information destinée aux investisseurs. Une ouverture forcée, en quelque sorte, puisque l'entreprise a été «condamnée» à rester en Bourse quand son rachat par Teachers' pour 52 milliards est tombé à l'eau peu avant Noël.

 

Le grand patron, George Cope, prévoit une stagnation de ses revenus en 2009 et une croissance de «plus de 5%» des profits. Surtout, il promet un modèle d'affaires plus efficace que jamais auparavant.

Les hauts dirigeants sont désormais tenus directement responsables des succès et échecs de BCE, a-t-il dit. L'équipe de haute direction a été ramenée de 17 à 12 membres, et le recours à des firmes de conseil externes, considérablement réduit. «Si on ne sait pas comment gérer une société de téléphonie après 100 ans, on a besoin d'une nouvelle équipe.»

George Cope, en poste depuis juillet, dit vouloir appliquer les mêmes principes de gestion qui auraient permis à BCE d'être une société à capital fermé efficace sous la houlette de Teachers'. À quelques détails près.

«La différence fondamentale, c'est qu'on publie nos états financiers, ce qui permet à nos compétiteurs de savoir comment on s'en tire, a-t-il dit en entrevue. Du côté de la pratique des affaires, on a élaboré cinq stratégies lorsqu'on se dirigeait vers une fermeture du capital, et c'est exactement ce qu'on va faire en demeurant coté en Bourse.»

Parmi ses cinq «impératifs stratégiques», BCE veut notamment améliorer son service à la clientèle, accélérer ses investissements dans le sans-fil et la large bande et réduire ses coûts de fonctionnement.

George Cope a déjà licencié 3500 personnes depuis son arrivée, en plus d'annoncer un investissement commun avec Telus dans un réseau sans fil de nouvelle génération. Et, élément crucial, il a instauré de nouveaux services de réparation et d'installation plus rapides.

Le dirigeant reconnaît que la pente sera longue à remonter pour regagner la confiance des nombreux clients frustrés. Mais il est persuadé que les efforts déployés depuis quelques mois porteront fruit, petit à petit. «Nous ne faisons que commencer.»

Perte

Le conglomérat montréalais a dévoilé hier une perte nette de 48 millions, ou 0,06$ par action, pour le quatrième trimestre de 2008, comparativement à un bénéfice par action de 2,93$ l'année précédente. Ces résultats comprennent des pertes sur placement de 372 millions et d'autres frais de restructuration. Les revenus ont atteint 4,48 milliards.

L'analyste Jeffrey Fan, de la firme UBS, a jugé ces résultats «légèrement meilleurs qu'attendu».

Greg MacDonald, de la Financière Banque Nationale, s'est pour sa part dit déçu du chiffre d'affaires, lui qui anticipait 4,59 milliards. «L'écart semble provenir entièrement du sans-fil, dont les revenus ont seulement grimpé de 2,3% par rapport à notre estimé de 9%», a-t-il écrit dans un rapport.

Pour l'ensemble de l'exercice, les revenus ont atteint 17,7 milliards et les profits, 819 millions. BCE avait 3 milliards de liquidités dans ses coffres à la fin de l'année.

L'entreprise a additionné 48 000 clients sans-fil au quatrième trimestre, 14 000 à ses services vidéo, mais a perdu 72 000 abonnés en téléphonie résidentielle.

Le dividende sera gonflé de 5%, pour atteindre 1,54$ par action ou 38,5 cents sur une base trimestrielle, a aussi annoncé le groupe hier.

Le titre de BCE a gagné 1,4% (0,36$) hier à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 25,49$.