Sur fond de crise du capitalisme, le Forum économique mondial de Davos, qui accueille cette semaine 2500 décideurs du monde politique et économique dans les Alpes suisses, sera plus studieux et moins «people» que d'habitude.

L'après-crise est le thème majeur de la réunion de cinq jours qui verra défiler à partir de mercredi une quarantaine de chefs d'Etat ou de gouvernement, des ministres des Affaires étrangères et des grands patrons. «Nous sommes encore au milieu de la crise», reconnaît Klaus Schwab, le fondateur du Forum annuel. Mais les débats porteront également sur l'avenir, car le monde sera «certainement différent» après la crise, ajoute-t-il.

Cette année, aucune grande star d'Hollywood, comme Angelina Jolie ou Sharon Stone, ne sera présente. Même Bono, le chanteur de U2, qui défend depuis des années à Davos la cause des pays pauvres, ne fera pas le déplacement. «Il termine un album», a précisé Mark Adams, porte-parole du Forum.

Même si la réunion est moins «glamour» que les années précédentes, elle aura quand même son lot de célébrités, comme le chanteur Peter Gabriel, l'acteur expert en arts martiaux Jet Li et la star de Bollywood Amitabh Bachchan. Des écrivains, stylistes ou encore des architectes seront également de la partie.

Le FEM cuvée 2009 est davantage tourné vers l'Orient et a fait venir «des artistes de culture différente», souligne M. Adams. «Je suis sûr qu'il y aura un ton différent cette année et le sentiment que nous devons nous mettre au travail. Il y a 230 séances de travail et c'est pour ça que les gens viennent.»

La crise économique et financière constitue un défi majeur pour un FEM au credo résolument libéral. Certains participants à la réunion sont eux-mêmes affectés par la tourmente. Citigroup, qui a perdu des milliards de dollars, a néanmoins décidé d'envoyer au moins quatre de ses dirigeants à Davos.

Des dirigeants d'autres banques qui bénéficient d'aides publiques pour faire face à la crise sont attendus au Forum, dont Marcel Rohner, patron d'UBS, et Michel Bouton, président de la Société Générale.

Le séjour d'un cadre dirigeant dans la prestigieuse station de ski suisse revient à plus de 50 000 $. Les partenaires majeurs du Forum versent 435 000 $ et peuvent envoyer cinq représentants. Malgré les difficultés que connaissent certains de ses membres, le FEM ne semble pas souffrir de la crise et attend même 21 participants de plus que l'an dernier.

Signe que le climat a changé depuis 2008, une séance de travail portera sur le rôle important joué par les Etats pour répondre à la crise. D'autres débats porteront sur l'énergie, le changement climatique, le libre-échange et l'aide au développement.

Le premier ministre russe Vladimir Poutine prononcera le discours d'ouverture. Parmi les autres dirigeants attendus: le premier ministre chinois Wen Jiabao, le premier ministre britannique Gordon Brown, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre japonais Taro Aso.

A Washington, la Maison-Blanche a fait savoir que James Jones, conseiller à la sécurité nationale, et Lawrence Summers, conseiller économique du président Barack Obama, avaient renoncé à se rendre à Davos pour se concentrer sur d'autres tâches. Valerie Jarrett, conseillère de M. Obama, représentera toutefois la nouvelle administration américaine au FEM.

Les patrons des plus grandes banques centrales de la planète seront présents avec une exception de taille: le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke. Le secrétaire au Trésor désigné de M. Obama, Tim Geithner, doit encore être confirmé dans ses fonctions par le Sénat, et il n'était pas prévu qu'il aille à Davos.

Des centaines de policiers et jusqu'à 5000 soldats seront mobilisés pour protéger les participants du Forum. Des mouvements altermondialistes et anti-capitalistes n'ont pas obtenu le droit de manifester à Davos ni même à Genève. Certains pourraient malgré tout descendre dans la rue. Une chose est sûre, le Forum social mondial, contre-rassemblement organisé face au Forum de Davos, s'ouvre mardi à Belem au Brésil.