Centre Bell, 11h. Les fans de hockey sont déjà nombreux à plonger la main dans leur portefeuille pour se procurer un chandail de la LNH à l'effigie de leur héros du match des étoiles. Un souvenir qui a un prix: 114,99$, taxes en sus, pour la version manches longues en jersey, qui n'aurait coûté que 8,19$ à produire.

Centre Bell, 11h. Les fans de hockey sont déjà nombreux à plonger la main dans leur portefeuille pour se procurer un chandail de la LNH à l'effigie de leur héros du match des étoiles. Un souvenir qui a un prix: 114,99$, taxes en sus, pour la version manches longues en jersey, qui n'aurait coûté que 8,19$ à produire.

Unite Here, un syndicat de travailleurs du secteur manufacturier affilié à la FTQ, a profité hier du match des étoiles, l'une des manifestations sportives les plus importantes de l'année à Montréal, pour lancer une campagne contre Reebok, fournisseur officiel de vêtements de la Ligne nationale de hockey. Le syndicat reproche à la multinationale d'avoir privé le Québec et le Canada de près de 600 emplois au cours des dernières années en faisant fabriquer en Asie ses chandails de hockey, où la main-d'oeuvre est la moins chère possible.

«Pendant que Reebok empoche ses profits, des centaines de travailleurs québécois et canadiens ont perdu leur travail», a critiqué hier la vice-présidente de la FTQ, Lina Aristeo.

«Le hockey est le sport d'hiver national des Québécois et des Canadiens, et les vêtements et équipements devraient être produits ici, pas dans des sweatshops par des travailleurs qui reçoivent des salaires de misère. C'est honteux», a-t-elle ajouté.

Selon une brève enquête menée par le syndicat, le coût de fabrication des chandails en Asie ne représente que 7% du prix payé au bout du compte par le consommateur au Canada. Ce calcul n'inclut pas les coûts associés au transport, à la distribution et à la vente du produit.

Peu d'échos

Dans les couloirs du Centre Bell, les revendications des manifestants trouvaient toutefois bien peu d'échos. Rares étaient les fans qui semblaient se préoccuper de vérifier la mention «Made in» avant de passer à la caisse. «C'est une situation regrettable, mais on n'a plus vraiment le choix. C'est toute l'industrie du vêtement au Canada qui s'en va», a remarqué Michel Fortin, un vêtement fait en Chine dans les mains.

«Ces chandails coûtent cher; ce serait bien si on pouvait aider la cause des travailleurs québécois en les achetant», a convenu Germain Boyer. Mais pas question de renoncer à son achat, un chandail fait en Indonésie.

Selon le syndicat, Reebok est à l'origine de la fermeture de cinq ateliers depuis 2002, à Richmond, Drummondville, Cap-de-la-Madeleine et Cowansville, et d'un en Ontario. L'économie canadienne aurait perdu 55 millions de dollars.

La Presse n'a pu obtenir les commentaires de Reebok hier.