John Thain, qui a piloté la vente de Merrill Lynch, une firme vieille de 95 ans, à Bank of America en septembre dernier vient d'être évincé après que la perte de 15,4 milliards US subie par Merrill Lynch eut contraint le prêteur à demander plus d'argent au gouvernement américain.

John Thain, qui a piloté la vente de Merrill Lynch, une firme vieille de 95 ans, à Bank of America en septembre dernier vient d'être évincé après que la perte de 15,4 milliards US subie par Merrill Lynch eut contraint le prêteur à demander plus d'argent au gouvernement américain.

M. Thain, 53 ans, a convenu que sa situation était intenable et qu'il devait démissionner, a indiqué Robert Stickler, porte-parole de Bank of America [[|ticker sym='BAC'|]], dans un courriel hier.

La sortie de M. Thain met fin à son mandat chez Bank of America, de Charlotte, en Caroline-du-Nord, moins d'un mois après que le rachat de Merrill Lynch a été achevé.

M. Thain avait négocié la vente avec Kenneth Lewis, 61 ans, PDG de Bank of America, dont la crédibilité a été minée lorsque la firme de courtage a fait état d'une perte record au quatrième trimestre. M. Lewis, qui avait songé à annuler le marché après avoir pris connaissance de l'ampleur des pertes de Merrill Lynch le mois dernier, est tout de même allé de l'avant à l'insistance des autorités américaines qui lui ont fourni une nouvelle aide de 138 milliardsUS.

«Le poste de Lewis est loin d'être assuré», soutient Gary Townsend, président de Hill-Townsend Capital, à Chevy Chase, dans le Maryland. "Ken Lewis a aussi des ennuis", ajoute-t-il.

Le titre de Bank of America, en baisse de 53% depuis le début de l'année, a encore cédé 14,52% hier à 5,71$US à la Bourse de New York.

M. Thain, qui était à la tête des divisions de gestion de patrimoine et des activités de banque d'affaires de Bank of America, sera remplacé par le chef du contentieux de l'entreprise, Brian Moynihan, a précisé la banque dans un communiqué. M. Moynihan, 49 ans, dirigeait la division des activités de banque d'affaires de Bank of America avant le rachat de Merrill Lynch. M. Thain a consenti à vendre Merrill Lynch moins d'un an après avoir été nommé PDG de l'entreprise et au cours du même week-end qui a vu Lehman Brothers Holdings inscrire une faillite record.

Merrill Lynch avait embauché M. Thain au moment où il travaillait pour la Bourse de New York à la fin de 2007 en lui remettant une prime de signature de 15 millionsUS.

En remplacement de Stanley O'Neal à titre de PDG de Merrill Lynch, M. Thain avait promis d'être fidèle à sa réputation de «M. Fix-It», surnom qui lui avait été attribué lorsqu'il était allé à la rescousse de la Bourse de New York.

Tandis que le marché dérapait, il s'est plutôt accroché à des obligations liées aux prêts hypothécaires à risque pour une somme de 40 milliardsUS. Il a conclu des accords avec des investisseurs tels que le fonds souverain de Singapour Temasek Holdings qui ont ensuite coûté à la firme pas moins de 4,9 milliardsUS.

M. Thain a également recruté un directeur financier sans expérience dans le monde des firmes de courtage tandis que plus de 40 cadres supérieurs, banquiers et courtiers quittaient l'entreprise. À la fin, il a fusionné Merrill Lynch avec une grande banque, une décision qui, de l'avis de M. O'Neal, aurait été nécessaire à la mi-2007 au moment où le titre se négociait à un prix six fois plus élevé.

L'an dernier, l'ancien PDG de Merrill Lynch a touché un salaire de 750 000$US, mais n'a pas reçu de prime. Selon CNBC, M. Thain a dépensé 1,2 millionUS cette année pour décorer à neuf son bureau new-yorkais.