La vague de froid qui s'abat sur le Québec continue de chauffer Hydro-Québec. La société d'État a enregistré un record de consommation d'électricité, hier, la forçant à allonger des centaines de milliers de dollars pour importer du courant.

La vague de froid qui s'abat sur le Québec continue de chauffer Hydro-Québec. La société d'État a enregistré un record de consommation d'électricité, hier, la forçant à allonger des centaines de milliers de dollars pour importer du courant.

Entre 7h et 8h, hier matin, la société d'État a dû fournir 37 200 MW à ses clients, a indiqué la porte-parole Hélène Laurin. Le précédent record de 36 300 MW avait été établi il y a quatre ans, presque jour pour jour, le 15 janvier 2004.

Au même moment, le réseau restait privé de l'apport de la centrale de Churchill Falls, dans le Labrador, qui fournit normalement plus de 1000 MW. Hydro a donc réactivé la centrale au mazout de Tracy, qui ne sert à alimenter le réseau qu'en cas de très forte demande. Elle a aussi ouvert la centrale thermique La Citière, sur la Rive-Sud de Montréal.

Mais ces mesures n'ont pas suffi à combler la demande. La société d'État prévoyait hier racheter jusqu'à 1700 MW aux grands producteurs industriels, comme les papetières et les alumineries. La moitié de cette électricité a été fournie sans frais par RioTinto-Alcan, en vertu d'une entente particulière. L'autre moitié a été rachetée au coût d'environ 200$ le MW/heure, c'est-à-dire 200$ pour chaque heure où Hydro consomme un mégawatt.

Hydro-Québec prévoyait aussi importer jusqu'à 1400 MW de l'Ontario et des États-Unis, au prix du marché. Elle n'a pas été en mesure de dire hier combien cette opération coûterait, affirmant qu'il est trop tôt pour en faire le bilan.

«Pour l'instant, on sait qu'on a importé pendant 10 heures au coût du marché», a indiqué Hélène Laurin.

Le tarif du marché fluctue selon la période de l'année et de la journée. Il est toutefois plus élevé pendant les périodes de forte demande, justement lorsque Hydro est susceptible d'acheter. Vers 18h30, hier soir, le MW/heure d'électricité se transigeait à un coût d'un peu plus de 120$ américains, selon l'organisme PJM, qui coordonne la vente d'électricité en gros dans plusieurs États américains. À ce tarif, Hydro aurait dû payer près de 210 000$ canadiens pour importer 1400 MW pendant une heure.

Ce n'est pas la première fois qu'une vague de froid force la société d'État à importer massivement. En janvier 2004, le mois du précédent record de consommation, Hydro avait importé deux fois plus d'électricité qu'un an auparavant. Ces transactions lui ont coûté près de 30 millions.

Hydro-Québec estime que la consommation d'électricité baissera au cours des prochains jours, à mesure que le mercure grimpera. La masse d'air froid devrait en effet se déplacer vers l'est, aujourd'hui. La température devrait atteindre -16 degrés aujourd'hui et -9 demain.

Mais la vague de froid ne sera pas terminée pour autant, prévient la météorologue Chantal Jutras, d'Environnement Canada. Ce n'est qu'au milieu de la semaine prochaine que la température rejoindra les normales saisonnières, soit des maximums d'environ -6 degrés.

«Parfois, lorsqu'on a des températures très froides, on peut avoir des changements extrêmes très rapidement, a-t-elle expliqué. Mais ce ne sera pas le cas cette fois-ci. On a dû endurer le froid assez longtemps et les températures ne vont se réchauffer que graduellement.»