Des responsables dans l'industrie automobile s'attendent à ce que l'année soit marquée par un mouvement de concentration du secteur, touché par la brutale chute des ventes de véhicules et les problèmes financiers des trois grands constructeurs américains.

Des responsables dans l'industrie automobile s'attendent à ce que l'année soit marquée par un mouvement de concentration du secteur, touché par la brutale chute des ventes de véhicules et les problèmes financiers des trois grands constructeurs américains.

Après avoir baissé d'environ 2,5 millions d'unités en 2008, les ventes mondiales d'automobiles devraient reculer à nouveau de 4,2 millions en 2009 à 66,6 millions, selon les prévisions de Global Insight.

L'essentiel de la baisse est attendue aux États-Unis où les ventes pourraient tomber en 2009 à 10,4 millions de véhicules, au plus bas en ventes par habitant depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Le brusque plongeon des ventes à la fin 2008, dans un contexte de crise financière, de problèmes de crédit et de récession croissante, a mis une pression énorme sur les trois constructeurs de Détroit.

General Motors [[|ticker sym='GM'|]] et Chrysler, confrontés à un manque de liquidités, s'appuient actuellement sur les milliards d'aide fédérale pour maintenir leur activité, tandis que Ford [[|ticker sym='F'|]] a prévenu qu'il pourrait aussi recourir au gouvernement si ses ventes se détérioraient davantage.

Une faillite n'est pas complètement exclue, selon Irv Miller, vice-président de Toyota USA en charge de l'environnement. Mais si les constructeurs américains sont les plus touchés, «personne n'est épargné par cette situation», a déclaré M. Miller à l'AFP en marge du salon automobile de Détroit.

«Au niveau mondial, vous allez voir une consolidation», a-t-il poursuivi.

John Mendel, vice-président de Honda Amérique pour les activités automobiles, relève une «désagrégation» des groupes avec des cessions de marques, à l'exemple de Ford qui envisage de vendre Volvo après avoir cédé Jaguar au groupe indien Tata. GM envisage de son côté une vente du suédois Saab et de l'américain Hummer.

Il y a beaucoup d'interrogations sur le fait que «les Chinois pourraient acquérir une marque comme Chrysler ou Jeep ayant une entrée sur le marché» américain, poursuit-il.

L'industrie automobile européenne pourrait être «forcée» à la concentration si la récession actuelle «s'approfondissait et s'éternisait», a estimé de son côté Carl-Peter Forster, président de GM Europe.

«Nous pourrions bien avoir des surprises. Cela dépend énormément de la durée de la récession, parce que plus longtemps elle dure, plus il y aura d'entreprises en vraie difficulté et tôt ou tard, il y aura une consolidation forcée», a-t-il estimé.

Un responsable a estimé, sous couvert de l'anonymat, qu'un volume de base d'au moins 4 à 5 millions de véhicules par an est nécessaire pour lutter au niveau mondial et financer de nouvelles technologies.

Le président de Chrysler, Bob Nardelli, s'est dit «déçu de ne pas avoir réussi à forger plus d'alliances et de partenariats».

Le plus petit constructeur américain a indiqué avoir été approché par plusieurs groupes, dont General Motors, Ford et Renault-Nissan, mais les discussions n'ont pas abouti en raison du climat économique actuel.

Une consolidation pourrait toutefois ne pas conduire à une industrie plus solide, a prévenu le directeur exécutif de GM, Fritz Henderson.

«Des volumes en baisse créent un besoin de consolidation, mais ce n'est pas forcément la réponse», a-t-il dit, en soulignant que «l'histoire de notre industrie est que la consolidation détruit de la valeur».

Le retournement économique actuel pourrait nécessiter une concentration dans les marques plus qu'entre groupes, selon M. Henderson.