Québec adopte une stratégie plus «défensive» cette année en prévision du Forum économique mondial de Davos, qui se tient en pleine crise planétaire.

Québec adopte une stratégie plus «défensive» cette année en prévision du Forum économique mondial de Davos, qui se tient en pleine crise planétaire.

Le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, se donne comme mission de convaincre des patrons de multinationale d'épargner leurs filiales québécoises et de renoncer à d'éventuelles mises à pied.

D'habitude, le gouvernement se rend à ce sommet annuel, dans les Alpes suisses, avec une stratégie essentiellement «offensive», pour reprendre les termes du ministre. Il tente d'attirer des investisseurs au Québec. Mais cette année, «il y a une partie défensive», «très nouvelle, à cause de la crise économique», a expliqué Raymond Bachand en entrevue à La Presse, hier.

«On est en bataille pour dire (aux chefs d'entreprise): ce n'est pas chez nous qu'il faut que tu coupes, c'est ailleurs, car voici les avantages qu'on a», a ajouté le titulaire du Développement économique, qui accompagnera le premier ministre Jean Charest à Davos la semaine prochaine.

Raymond Bachand doit rencontrer une dizaine de patrons de multinationales actives au Québec dont il a refusé de révéler l'identité. «On est là pour aider notre division québécoise à aller chercher un nouveau projet et à vendre le fait que c'est au Québec qu'il faut investir. Ou qu'il ne faut pas couper, et cette année, ça va peut-être être ça... Mais il y a encore des projets d'investissements en cours», a-t-il affirmé, refusant de préciser la nature de ces projets.

Raymond Bachand prévient qu'aucune annonce d'investissements ne sera faite à Davos. «Ce n'est pas vrai qu'une grande compagnie publique va comme par hasard conclure une transaction, réunir son conseil d'administration, dans la demi-heure que tu la rencontres. Les annonces se font quand on est au Québec.»

La participation du gouvernement au Forum de Davos donne des résultats, a-t-il assuré. L'an dernier, des rencontres avec l'américaine Alcoa et la société pharmaceutique suisse Novartis ont permis de confirmer des investissements et de procéder ensuite à l'annonce de projets importants.

Le Forum de Davos, qui se tient du 28 janvier au 1er février, enregistre un record de participation cette année. Plus de 1400 patrons de grandes entreprises et une quarantaine de chefs d'État et de gouvernement discuteront principalement de la crise financière mondiale et des moyens pour éviter la répétition d'une telle débâcle. Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, se rendra à Davos, tout comme de proches collaborateurs du président américain Barack Obama.

Les dirigeants du géant minier britannique Rio Tinto, dont Paul Skinner, participeront au Forum de Davos. Mardi, la compagnie a annoncé la fermeture de l'aluminerie de Beauharnois et une baisse de la production dans une usine du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Quelque 300 personnes perdront leur emploi. «Il faudra probablement d'autres réductions de production», a même indiqué la nouvelle présidente et chef de la direction de Rio Tinto Alcan, Jacynthe Côté. Raymond Bachand n'a pas précisé si un entretien avec M. Skinner est prévu. L'an dernier, Jean Charest avait rencontré Paul Skinner pour s'assurer que Rio Tinto respecte l'entente de continuité conclue avec son gouvernement en décembre 2006.

Après ce forum international, Jean Charest fera escale à Paris, où le président Nicolas Sarkozy lui décernera la Légion d'honneur. Il s'entretiendra également avec le premier ministre François Fillon et le maire Bertrand Delanoë. Il prononcera une allocution devant la chambre de commerce et d'industrie de Paris.

Le premier ministre conclura sa mission à Bruxelles. Il rencontrera des représentants de la Commission européenne pour les convaincre de lancer le plus tôt possible les négociations sur un accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne. Il s'adressera également à des gens d'affaires de la chambre de commerce Canada-Belgique-Luxembourg.