La crise rend plus importante que jamais la participation au Forum économique mondiale de Davos, affirme le ministre québécois du Développement économique, Raymond Bachand, qui participera au sommet en compagnie du premier ministre Jean Charest, la semaine prochaine.

La crise rend plus importante que jamais la participation au Forum économique mondiale de Davos, affirme le ministre québécois du Développement économique, Raymond Bachand, qui participera au sommet en compagnie du premier ministre Jean Charest, la semaine prochaine.

Récession ou pas, les multinationales continuent de préparer des projets d'investissement et sont à la recherche des meilleurs endroits pour les lancer. Le contexte difficile fait toutefois en sorte que la concurrence est plus vive que jamais entre les villes.

«On profite de ces forums internationaux pour rencontrer les gens de la société mère et faire avancer les projets», explique M. Bachand au cours d'un entretien téléphonique.

«Au fond, on est comme l'ambassadeur, l'avocat et le promoteur des projets québécois dans le cadre interne des multinationales, puisque c'est le siège social qui décide. C'est pour ça que c'est très important, ces rencontres-là. Ca me prendrait un mois et demi pour faire le tour des pays de la planète pour rencontrer ces gens-là alors qu'en deux jours à Davos, on en rencontre une dizaine.»

Au cours des dernières années, le sommet de Davos a permis à Québec de confirmer des projets d'investissement de la société américaine Alcoa et du groupe pharmaceutique suisse Novartis, qui ont été annoncés par la suite. L'an dernier, c'est à Davos que Bombardier et le gouvernement ont établi les paramètres du programme d'avion CSeries de 110 à 149 places, finalement lancé en juillet.

Au-delà des tractations commerciales, la 39e édition du Forum offrira évidemment une occasion privilégiée de discuter de la crise actuelle. La station des Alpes suisses accueillera du 28 janvier au 1er février pas moins de 41 chefs d'État et de gouvernement (contre 27 l'an passé) et 1400 patrons de grandes sociétés, un record absolu.

«C'est plus important que jamais que les dirigeants économiques mondiaux apprennent des erreurs qui ont été faites et disent «ok, comment on gère demain?» souligne Raymond Bachand.

«Maison de convalescence»

Le fondateur et président exécutif du Forum, Klaus Schwab, a récemment comparé la crise financière à un «immense carambolage» causé par des Ferrari roulant à 200 km/h sur l'autoroute de la mondialisation.

«Les gouvernement ont agi comme les ambulances et les patients se trouvent actuellement à l'hôpital», a-t-il affirmé au quotidien suisse Le Temps. «Davos tient maintenant le rôle de maison de convalescence.»

Même si l'on sait que les prêts à risque aux États-Unis, les lacunes de la réglementation et les déséquilibres de l'économie mondiale ont tous joué un rôle dans la situation actuelle, on comprend encore mal les origines de la crise, fait remarquer Lee Howell, chef de la programmation du Forum de Davos, au cours d'un entretien téléphonique. D'où l'importance d'aller au fond des choses.

«Si vous allez chez le médecin et que vous ne croyez pas au diagnostic qu'il pose, vous ne ferez pas confiance à la prescription», illustre-t-il.

«Nous ne pouvons pas prescrire quoi que ce soit, parce que ce n'est pas notre rôle, ajoute M. Howell. Mais si, au moins, nous mettons en contact les bonnes personnes avec les bonnes idées à propos des bons problèmes, nous pourrons, espérons-le, servir de catalyseur en faveur de changements positifs.»

Premier sommet international du calendrier, le Forum de Davos est bien positionné, selon Lee Howell. «Comme êtres humains, nous sentons que le début de l'année est un bon moment pour apporter des changements», estime-t-il.

Plusieurs reprochent aux dirigeants politiques et d'affaires qui seront réunis dans la station grisonne d'être en cause, du moins partiellement, dans la crise actuelle. M. Howell assure néanmoins que les participants au Forum conservent la crédibilité nécessaire pour résoudre les problèmes, à condition qu'ils soient prêts à collaborer entre eux et à voir les choses à long terme, sans mettre de côté les questions sociales et environnementales.

Plus modeste?

Peu de choses ont été faites, par ailleurs, pour atténuer le côté extravagant et exclusif de l'événement. Lee Howell précise cependant qu'il y aura davantage de lunchs d'affaires et il prédit que les participants seront plus «concentrés» sur les discussions qui auront cours dans les ateliers. On peut aussi prévoir que soirées organisées par les multinationales seront plus modestes. Signe des temps, le Canada n'en organisera carrément pas, contrairement aux dernières années.

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, son collègue du Commerce international, Stockwell Day, et le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, seront tout de même à Davos.

Pour la première fois cette année, le Forum accueillera le premier ministre de Russie, Vladimir Poutine, et celui de Chine, Wen Jiabao. Deux proches du président américain Barack Obama seront aussi présents: James Jones, conseiller à la sécurité nationale, et Larry Summers, chef du Conseil économique national.

«Nous serions enchantés, évidemment, d'accueillir le président Obama lors d'une prochaine édition», glisse Lee Howell. George W. Bush ne s'est jamais rendu à Davos pendant sa présidence.

Pour ce qui est des opposants au Forum, les autorités leur font la vie dure cette année. Une manifestation prévue le 31 janvier à Genève a été interdite par le Conseil d'Etat, dans le but officiel de bloquer les «casseurs». Mais pour le Forum social lémanique, c'est cette décision qui provoquera des émeutes.