La situation économique du Canada est à ce point sérieuse qu'Ottawa pourrait devoir étaler son plan de relance sur une période aussi longue que cinq ans, a déclaré vendredi le premier ministre Stephen Harper.

La situation économique du Canada est à ce point sérieuse qu'Ottawa pourrait devoir étaler son plan de relance sur une période aussi longue que cinq ans, a déclaré vendredi le premier ministre Stephen Harper.

«Nous allons travailler avec l'hypothèse que les temps seront difficiles et qu'il ne faut pas sous-estimer les gestes que nous devons poser», a affirmé M. Harper en conférence de presse à Montréal, où il était de passage pour rencontrer une dizaine de leaders du monde des affaires.

«Nous allons mettre en place tout un ensemble de mesures, nous allons présumer que nous allons probablement devoir envisager une période de trois à cinq ans pour de tels gestes, a ajouté le chef conservateur. Ce ne sera pas nécessairement aussi long que cela, mais (...) nous allons faire tout ce qui est nécessaire.»

En vue de son budget, attendu le 27 janvier, le gouvernement fédéral considère «des centaines de possibilités» pour faire face à la crise économique «sans précédent» qui s'abat sur le pays, a indiqué Stephen Harper.

«Ce sera l'un des plus importants budgets depuis un bon bout de temps», a-t-il promis.

Le premier ministre a une nouvelle fois pressé les partis d'opposition, plus particulièrement les libéraux, de lui faire parvenir des propositions «réalistes et opportunes» pour juguler la crise, soulignant que ces suggestions devaient lui être faites aussi tôt que possible.

À Halifax, vendredi, le chef libéral, Michael Ignatieff a prévenu que son parti allait juger le budget conservateur sur trois aspects: la protection des Canadiens les plus vulnérables à la récession, la création d'emplois par le biais de travaux d'infrastructure de même que les investissements dans la productivité et la compétitivité. Les libéraux réclament aussi une amélioration des programmes de formation de l'assurance-emploi.

M. Harper s'est gardé de lever le voile sur le contenu du budget. Il est resté vague sur l'éventualité de baisses d'impôts, que son ministre des Finances, Jim Flaherty, a pourtant évoquées sans détour au début de la semaine.

De toute façon, a fait valoir M. Harper, le gouvernement ne prendra de décisions définitives qu'après la rencontre «importante» avec ses homologues provinciaux, qui se tiendra la semaine prochaine.

«C'est important (...) que nos gouvernements travaillent ensemble», a-t-il insisté.

Marché du travail

Stephen Harper a admis que les plus récentes données sur le chômage, publiées vendredi, étaient «troublantes», mais il a estimé que malgré tout, le Canada continuait à mieux tirer son épingle du jeu que les États-Unis.

Le budget prévoira néanmoins des «mesures extraordinaires» visant à «atténuer les pertes d'emplois», a glissé M. Harper, allant dans le même sens que des propos tenus par Jim Flaherty plus tôt cette semaine.

Parmi les leaders que le premier ministre a rencontrés vendredi, notons les dirigeants Pierre Beaudoin (Bombardier), Monique Leroux (Mouvement Desjardins), Paul Desmarais Jr (Power Corporation), Pierre Karl Péladeau (Quebecor), Réjean Robitaille (Banque Laurentienne), Serge Godin (CGI), Yvon Bolduc (Fonds de solidarité FTQ), Michel Kelly-Gagnon (Conseil du patronat du Québec) et Robert Brown (CAE).

Selon une source qui a requis l'anonymat, M. Beaudoin a présenté la construction d'un train rapide dans le corridor Québec-Windsor comme un projet susceptible de créer des emplois et de préparer l'économie canadienne en vue de la reprise.

Une porte-parole de Bombardier, Isabelle Rondeau, a refusé de commenter.

M. Kelly-Gagnon a profité de la réunion avec le premier ministre pour inciter le gouvernement à augmenter le financement de la caisse d'assurance-emploi, de façon à éviter que les entreprises et les travailleurs voient leurs cotisations bondir à cause de la hausse du taux de chômage.

Par ailleurs, refusant net de condamner l'énoncé économique et financier de novembre, qui a failli conduire à la défaite de son gouvernement, Stephen Harper a imploré l'opposition de voter en faveur de plusieurs des mesures qu'il contenait, notamment celles favorisant le financement des entreprises et celles destinées aux régimes de retraite privés.

«Le temps est venu, pour tout le monde, de se montrer ouvert d'esprit, de dialoguer et d'en arriver à un consensus, si c'est possible», a soutenu M. Harper.