La banque centrale américaine doit inventer «des mécanismes alternatifs» pour mener sa politique, maintenant que ses taux directeurs ont été ramenés à pratiquement zéro, a constaté mercredi le président de la banque de réserve fédérale de Philadelphie, Charles Plosser.

La banque centrale américaine doit inventer «des mécanismes alternatifs» pour mener sa politique, maintenant que ses taux directeurs ont été ramenés à pratiquement zéro, a constaté mercredi le président de la banque de réserve fédérale de Philadelphie, Charles Plosser.

«Privé de l'ancrage que représente l'objectif sur les taux d'intérêt au jour le jour, il va être important que nous développions des mesures quantitatives pertinentes pour évaluer la taille et la composition appropriée du bilan de la Fed», a souligné M. Plosser dans un discours tenu devant l'Université du Delaware (est des États-Unis).

Tout en ramenant le mois dernier son taux directeur à une fourchette comprise entre 0 et 0,25%, la Fed s'est engagée à faire fonctionner les différents marchés du crédit en y injectant les liquidités nécessaires.

Ces mesures et celles qui les ont précédées ont conduit à un doublement de la taille du bilan de la Fed au cours des derniers mois.

Les diverses mesures mises en place par la Fed «sont conçues pour favoriser l'afflux de crédit», mais conduisent «à injecter d'énormes montants de liquidité dans le système» bancaire. «Il nous faut suivre avec attention cette liquidité et sa composition pour pouvoir la retirer quand le temps sera venu, ou sinon nous risquons d'alimenter l'inflation à l'avenir», a-t-il dit.

M. Plosser, qui est considéré comme un «faucon» en matière d'inflation, a considéré par ailleurs que la Fed aurait tout à gagner à adopter un objectif d'inflation. Ce serait tout aussi profitable maintenant, alors que le marché craint la déflation, que pendant l'été dernier, lorsque l'inflation menaçait de déraper sous l'effet de la hausse des matières premières, a-t-il relevé.

«Un tel engagement sert non seulement à empêcher que les attentes en matière d'inflation ne montent à des niveaux indésirables, mais il peut aussi empêcher les attentes de chuter à des niveaux indésirables», selon lui.

Pour autant, M. Plosser s'est dit «pas particulièrement préoccupé par la possibilité d'une déflation persistante», en soulignant que la situation en matière de prix devrait revenir à la normale avec la stabilisation des cours du pétrole et des autres matières premières.

Le président de la Fed de Philadelphie a par ailleurs estimé que la récession actuelle devrait être l'une des plus longues jamais rencontrées par le pays depuis la Seconde Guerre mondiale. Il ne voit pas pour autant la crise avoir un impact en matière d'emploi comparable à celle du début des années 1980, lorsque le taux de chômage avait dépassé les 10,5% aux États-Unis.

«Je ne m'attends pas à ce que le chômage puisse s'égarer jusqu'à un taux à deux chiffres durant cette récession», a affirmé M. Plosser, tout en pronostiquant qu'une baisse du chômage ne devrait pas intervenir à court terme.