S'il faut en croire les entreprises, l'économie canadienne va continuer de se détériorer pendant toute la durée de l'hiver et du printemps. Les investissements et l'embauche vont en pâtir dans tous les secteurs.

S'il faut en croire les entreprises, l'économie canadienne va continuer de se détériorer pendant toute la durée de l'hiver et du printemps. Les investissements et l'embauche vont en pâtir dans tous les secteurs.

En fait, les résultats de l'Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE), menée par la Banque du Canada à la fin de l'an dernier, sont les plus sombres depuis les débuts de cette consultation trimestrielle, en 1997. «Les indicateurs affichent presque tous leur plus bas niveau depuis la tenue de la première enquête», lit-on dans la présentation faite par la Banque.

Fin 2008, la majorité des 100 entreprises sondées d'un bout à l'autre du pays jugeaient que leurs ventes étaient moins élevées qu'un an plus tôt. Autant jugeaient qu'elles seraient plus faibles encore au cours des 12 prochains mois, une proportion inédite. Dans les deux cas, jamais n'avait-on assisté à pareil pessimisme. «Les craintes de plus en plus vives d'une grave récession aux États-Unis ont une incidence négative sur l'évolution des perspectives de ventes de nombreuses entreprises», estime la banque.

Donnée tout aussi inquiétante, près d'une entreprise sur deux prévoit diminuer ses investissements tandis qu'une sur trois songe à les maintenir au même niveau. Pire, la Banque du Canada précise que les répondants investiront surtout pour remplacer ou réparer de l'équipement plutôt que pour moderniser ou accroître leurs capacités.

De toutes ces sombres perspectives, la plus noire concerne peut-être l'embauche. Si une faible majorité des répondants prévoient maintenir leurs effectifs durant l'année, il s'en trouve pour la première fois davantage qui comptent les réduire plutôt que les augmenter.

Cela semble confirmé par les données de décembre de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada qui faisait état de plus de 70 000 emplois à temps plein éliminés, le mois dernier.

Le nombre d'entreprises déclarant que des pénuries de main-d'oeuvre limitent leurs capacités à répondre à la demande est le plus faible à ce jour avec la proportion d'une sur cinq seulement.

Seule note positive, les entreprises s'attendent à une baisse des prix de leurs intrants, mais aussi de leurs prix de vente qui vont refléter en partie le fléchissement des coûts d'approvisionnement.

Trois sur 10 s'attendent désormais à un taux d'inflation à tout juste 1%, d'ici un an. Fait à signaler cependant, c'est sans doute la partie du sondage qui s'est le moins avérée par le passé.

Les difficultés pressenties des entreprises ne se limitent pas à leur chiffre d'affaires. Presque les deux tiers affirment que les prêteurs ont durci leurs conditions de crédit. Un trimestre plus tôt, c'était moitié moins.

Ces résultats corroborent ceux de l'autre enquête de la Banque du Canada menée auprès des responsables de crédit. Le niveau de resserrement atteint un sommet sans précédent depuis 1999 pour le deuxième trimestre d'affilée. Bref, ça s'est aggravé encore en fin d'année. Selon la Banque du Canada, les institutions financières déploient des efforts pour «répercuter sur les emprunteurs la hausse des taux sur leurs propres emprunts». Non seulement exigent-elles davantage, mais en plus, elles limitent à la fois les sommes disponibles et les clients qui peuvent y avoir droit.

«L'interprétation de ces résultats laisse non seulement entrevoir une diminution de la production, mais aussi une baisse de l'emploi, de l'investissement et de l'inflation», résume Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

«La récession devrait s'aggraver au cours du présent trimestre, prévient Michael Gregory, économiste chez BMO Marchés des capitaux. Les résultats de l'EPE justifient davantage d'accommodement monétaire par la Banque du Canada et augmentent le risque que la baisse de taux dépasse les 50 centièmes la semaine prochaine.»