Pendant qu'Hydro-Québec demande aux Québécois d'économiser l'électricité par temps froid polaire, la société d'État allonge plus de 7000 $ pour chaque mégawatt (MW) racheté à certains de ses gros clients industriels.

Pendant qu'Hydro-Québec demande aux Québécois d'économiser l'électricité par temps froid polaire, la société d'État allonge plus de 7000 $ pour chaque mégawatt (MW) racheté à certains de ses gros clients industriels.

Au cours des dernières heures, Hydro-Québec a ainsi pu mettre la main sur près de 800 précieux mégawatts. Le hic, c'est que la société d'État offre déjà à ses gros clients (alumineries, papetières, etc.) cette électricité à un tarif dit privilégié - le tarif L de grande puissance - , à 4,26 ¢ le kilowattheure (kWh), ou 43 $ le MW.

«On prend tout ce qui est disponible sur le réseau», a fait savoir hier au Soleil le porte-parole de la société d'État, Louis-Olivier Batty.

Or, en revendant cette électricité à sa clientèle résidentielle à un prix de 7,33 ¢ le kWh, Hydro-Québec ne fait pas d'argent.

Facture salée

L'an dernier, Hydro-Québec a eu recours à seulement cinq reprises à son programme de rachat d'électricité envers ses clients industriels. Coût de l'opération : plus de 5 millions $. Cette année, la facture devrait être plus salée.

Selon des documents de la Régie de l'énergie, ce programme d'énergie interruptible permet à la société d'État de racheter à sa clientèle de grande puissance un bloc de 800 MW d'énergie dont le coût a été fixé d'avance à 7 $ le kWh.

À ce montant de base payé, la société d'État débourse également 80 $ par mégawattheure (8 cents le KWh) utilisé au cours des 40 premières heures d'utilisation de ce programme et 150 $ par mégawattheure (15 ¢ le kWh) pour les 60 heures suivantes.

Ce programme de rachat d'électricité ne fait toutefois pas l'unanimité. Selon l'Union des municipalités du Québec (UMQ), la société d'État pourrait très bien acheter son électricité sur les marchés extérieurs sans passer par sa clientèle industrielle. Cela serait plus rentable.

«Nous comprenons mal que le distributeur ait recours à l'électricité interruptible alors que des achats sont disponibles sans contrainte», soutenait l'automne dernier l'expert énergétique Yves Hennekens engagé par l'UMQ devant la Régie de l'énergie.

Le froid coûte cher

Hydro-Québec reconnaît que l'électricité achetée en période de froid intense vaut plus cher qu'à l'habitude. «On achète sur les marchés spots. Il faut donc payer le prix du marché à ce moment précis», a fait savoir M. Batty.

Hier, Hydro-Québec a notamment acheté plus de 1400 MW en provenance de l'État de New York et de l'Ontario à des prix variant entre 80 $ et 250 $ le mégawatt.

La société d'État a également acheté plus de 650 MW produits dans les installations hydroélectriques de Rio Tinto-Alcan, situées au Saguenay.

Hydro-Québec dit compter cet hiver sur un parc de production de 42 129 MW, dont 39 796 MW sont de sources hydrauliques.

La société d'État ne prévoit pas avoir recours à l'énergie produite par la centrale au gaz de TransCanada Energy située à Bécancour en janvier. À la demande d'Hydro-Québec, cette centrale de 507 MW demeure fermée pour un deuxième hiver de suite. Pour compenser TransCanada Energy, Hydro-Québec a payé un dédommagement de près de 200 millions $ à la multinationale albertaine.