Si Kyra Coleman ne craint pas de s'installer seule à Osborn, c'est qu'elle est née ici et y a vécu toute sa vie. Mais c'est aussi parce qu'elle connaît son quartier comme bien peu de résidants peuvent se vanter de le faire.

Si Kyra Coleman ne craint pas de s'installer seule à Osborn, c'est qu'elle est née ici et y a vécu toute sa vie. Mais c'est aussi parce qu'elle connaît son quartier comme bien peu de résidants peuvent se vanter de le faire.

Installées devant un écran d'ordinateur, Kyra Coleman et sa collègue Tracy Coley pointent une image aérienne du voisinage générée par Google Earth. "Les points bleus sont les bâtiments abandonnés. Les points rouges sont les bâtiments dangereux", explique Mme Coleman.

La carte est complètement bariolée. Un saisissant portrait de la misère d'Osborn... vue des airs.

Kyra Coleman et Tracy Coley travaillent pour Detroit Community Initiative, un organisme communautaire installé dans un hôpital qui s'est retrouvé à moitié vide à la suite de l'exode de la population. Pendant l'été 2007, le groupe a attelé les jeunes du coin à une tâche colossale. Ils ont embarqué une caméra et un ordinateur portable relié à un système GPS dans un camion. Puis ils ont photographié, détaillé et cartographié chacun des 12 000 bâtiments du quartier.

L'été dernier, ils ont tout recommencé. Résultat: en un an, le nombre de bâtiments vacants est passé de 630 à 1427 à Osborn. Ceux jugés dangereux ont bondi de 178 à 239.

Mais le Detroit Community Initiative ne fait pas que cartographier les problèmes causés par la crise économique. Il travaille aussi à les résoudre, et avec des résultats parfois spectaculaires.

En allant chercher des fonds publics, mais aussi privés, le groupe a réussi à ériger une résidence de 48 logements où les personnes âgées peuvent vivre en payant un loyer proportionnel à leurs revenus. Si vous vous promenez à Osborn, vous aurez aussi la surprise de tomber sur des maisons flambant neuves qui en voisinent d'autres où les fenêtres défoncées laissent entrer le vent et la neige. L'organisme a fait construire 49 de ces maisons dans le quartier aux endroits où les résidences étaient devenues dangereuses. Elles sont louées aux habitants du voisinage.

Et comme la misère progresse, le Detroit Community Inititative tente de suivre. Déjà 48 autres logements pour personnes âgées sont sur les planches à dessin, ainsi qu'une nouvelle unité qui pourra loger 90 résidants de façon sécuritaire.