La Banque du Japon (BoJ) a prédit jeudi deux ans de récession pour la deuxième économie mondiale, confrontée en décembre à une nouvelle chute catastrophique de ses exportations, sa principale force.

La Banque du Japon (BoJ) a prédit jeudi deux ans de récession pour la deuxième économie mondiale, confrontée en décembre à une nouvelle chute catastrophique de ses exportations, sa principale force.

Révisant fortement à la baisse ses prévisions de croissance, la banque centrale a pronostiqué une contraction du produit intérieur brut (PIB) de 1,8% pour l'année budgétaire 2008-2009 et de 2% pour 2009-2010. Les années budgétaires, au Japon, s'étendent du premier avril à au 31 mars.

«Les conditions économiques se sont détériorées de façon significative, et cette dégradation devrait continuer», a prévenu la banque centrale dans un communiqué.

Elle a évoqué la chute des exportations, le ralentissement de la demande intérieure, l'aggravation de la situation sur le marché de l'emploi et les difficultés croissantes des entreprises pour obtenir des financements.

«Les perspectives de croissance pour les années budgétaires 2008-2009 et 2009-2010 ont significativement diminué, et les taux de croissance devraient s'avérer négatifs», a-t-elle ajouté. Avant jeudi, la BoJ tablait encore sur une progression du PIB de 0,1% en 2008-2009 et de 0,6% en 2009-2010.

Toujours selon la banque centrale, cette récession prolongée s'accompagnera d'un retour de la déflation. Les prix à la consommation, hors produits frais, devraient ainsi reculer de 1,1% en 2009-2010 et de 0,4% en 2010-2011.

Pour la Banque du Japon, l'économie de l'archipel amorcera cependant son redressement en 2010-2011, avec une croissance de +1,5%.

La révision des prévisions économiques de la Banque du Japon, laquelle a par ailleurs maintenu jeudi son taux directeur inchangé à 0,1%, est intervenue le jour de la publication de statistiques particulièrement désastreuses pour le commerce extérieur, le poumon de la croissance du pays.

Les exportations japonaises ont ainsi chuté de 35% en décembre, un record historique. Le pays a subi le même mois un troisième déficit commercial d'affilée, une série noire également sans précédent.

«La notion selon laquelle le Japon est un pays d'excédents commerciaux est à oublier pour le moment», ont estimé les économistes de Barclays Capital.

La dégringolade des exportations a été vertigineuse vers les États-Unis (-36,9%), l'Union européenne (-41,8%), la Chine (-35,5%) et la Corée du Sud (-39,8%), les quatre principaux clients du Japon.

Vers l'Espagne, où sont implantées de nombreuses usines automobiles et technologiques nippones qui importent leurs pièces détachées du Japon, les exportations ont fondu de 63,9%.

Les exportations automobiles totales ont chuté de 45,4%, celles de semiconducteurs de 42,9%, celles d'ordinateurs de 39,4%.

Pour l'ensemble de 2008, l'excédent commercial nippon s'est contracté de 80%, soit la plus forte diminution jamais enregistrée.

«Les exportations ont chuté à tel point qu'on a du mal à croire ce que l'on voit», s'est désolé Naoki Murakami, économiste chez Monex Securities.

Les entreprises japonaises sont non seulement confrontées à la panne de la demande aux États-Unis et en Europe, mais également à la flambée du yen face au dollar américain. Le billet vert a évolué en décembre aux alentours de 90 yens, alors qu'il valait plus de 112 yens un an plus tôt.

La plupart des économistes s'attendent désormais à une très brutale contraction de l'économie japonaise au dernier trimestre de l'année calendaire 2008. Les chiffres officiels du PIB seront publiés mi-février.

«Une chute de 10% ou plus est inévitable», a averti Hiroshi Watanabe, économiste à l'Institut de recherche Daiwa.