Le géant automobile japonais Toyota (TM), ébranlé par la crise économique mondiale, a porté mardi à sa tête, Akio Toyoda, le petit-fils du fondateur de l'entreprise.

Le géant automobile japonais Toyota [[|ticker sym='TM'|]], ébranlé par la crise économique mondiale, a porté mardi à sa tête, Akio Toyoda, le petit-fils du fondateur de l'entreprise.

La nomination est perçue comme un moyen de souder l'entreprise autour d'un symbole fort face à l'adversité.

M. Toyoda remplacera en juin l'actuel PDG Katsuaki Watanabe, lequel sera transféré au poste honorifique de vice-président du conseil d'administration.

Akio Toyoda était considéré depuis des années comme l'héritier de l'empire Toyota. Mais la rapidité de son accession au pouvoir a surpris.

«C'est arrivé un ou deux ans plus tôt que prévu», a commenté Mamoru Kato, analyste chez Tokai Tokyo. À 52 ans, un jeune âge pour devenir PDG selon les critères japonais, M. Toyoda «devrait rajeunir l'entreprise et permettre à la direction de reconstruire sa stratégie de croissance», prédit-il.

Ce changement survient alors que Toyota, premier constructeur automobile mondial, traverse de sérieuses difficultés à cause de l'effondrement de ses principaux marchés. Le groupe s'attend à subir, lors de l'exercice 2008-2009 en cours, la première perte d'exploitation de son histoire.

Le groupe a également annoncé mardi que ses ventes mondiales avaient chuté de 4% en 2008. Selon la presse japonaise, il s'apprête à supprimer 3000 postes de travail temporaires au Japon, après avoir déjà annoncé en novembre le renvoi de 3000 employés à durée déterminée.

Ces soudains déboires frappent une entreprise réputée pour son efficacité et que beaucoup croyaient invincible. Toyota prévoyait encore, il y a quelques mois, de devenir le premier constructeur du monde à vendre plus de 10 millions de véhicules en un an.

Akio Toyoda est le fils du mythique PDG Shoichiro Toyoda qui régna sur Toyota de 1982 à 1992 et en est toujours, à 83 ans, le président honoraire.

Il est aussi le petit-fils de Kiichiro Toyoda qui, en 1937, fonda le groupe en transformant la fabrique familiale de métiers à tisser en usine automobile.

Entré chez Toyota en 1984, M. Toyoda a lentement gravi les échelons jusqu'à devenir, en 2005, un des vice-présidents exécutifs.

La famille Toyoda est présente au capital de Toyota dans des proportions symboliques (entre 3% et 4%), mais son influence sur le groupe reste considérable. Tatsuya Mizuno, analyste chez Fitch Ratings, la compare à la famille impériale du Japon, sans pouvoir politique mais extrêmement respectée.

Le sacre d'Akio Toyoda «est une mesure symbolique, qui vise à changer l'état d'esprit des employés», explique M. Mizuno. «C'est révélateur d'une situation de crise. On attend de M. Toyoda, en tant que membre de la charismatique famille fondatrice, qu'il unisse l'entreprise sous sa bannière».

Selon M. Mizuno, ce changement marque aussi la rupture avec la stratégie menée par l'équipe de M. Watanabe et de son prédécesseur, Hiroshi Okuda.

Sous les deux précédents PDG, Toyota a accru à une vitesse foudroyante ses capacités de production et a mené une stratégie agressive aux États-Unis, dévorant les parts de marché de ses concurrents General Motors [[|ticker sym='GM'|]], Ford [[|ticker sym='F'|]] et Chrysler sur le segment, aujourd'hui en déconfiture, des 4x4 et des camionnettes.

«Le rythme de l'expansion était un peu trop rapide. Autrefois, Toyota était plus prudent. Mais en cherchant à devenir rapidement numéro un mondial, le groupe a perdu cette prudence», juge M. Mizuno, qui reste toutefois confiant et prédit un retour à la forme du constructeur d'ici deux ou trois ans.

Pour sortir de la crise, «tailler dans les coûts est très important, mais créer continuellement une multitude de produits attractifs l'est encore plus», note l'analyste. Selon lui, «dans ce domaine, Toyota conserve de fortes ressources. La façon dont il les utilisera dépendra de la gestion, et c'est pourquoi un changement de direction est très important».