Malgré ses promesses électorales, Barack Obama n'ouvrira pas l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), selon l'ancien ambassadeur Raymond Chrétien.

Malgré ses promesses électorales, Barack Obama n'ouvrira pas l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), selon l'ancien ambassadeur Raymond Chrétien.

Le nouveau président américain profiterait ainsi de sa première visite officielle à l'étranger au Canada dans quelques semaines afin de rassurer le premier ministre Harper au sujet de l'ALENA. «Oubliez la renégociation de l'ALENA.

«En privé, M. Obama va probablement dire à M. Harper qu'il a dit qu'il voulait renégocier l'ALENA durant la campagne électorale en Ohio et au Michigan, mais qu'il est conscient que c'est impossible car on l'a informé des conséquences pour l'économie américaine. (...) Les Américains n'achètent pas chez nous pour nos beaux yeux. Ils le font parce que ça sert leurs intérêts», dit M. Chrétien, qui fut ambassadeur du Canada à Washington de 1994 à 2000.

Les primaires

L'ALENA a failli faire dérailler la campagne de Barack Obama durant les primaires démocrates. En février dernier, un de ses conseillers a informé des diplomates canadiens que son patron n'avait vraiment pas l'intention de renégocier l'ALENA contrairement au discours qu'il tenait devant les électeurs.

L'affaire est parvenue aux oreilles des médias canadiens par le biais du chef de cabinet du premier ministre Harper, Ian Brodie, qui s'est échappé lors d'une conversation à bâtons rompus avec des journalistes lors du huis clos du dernier budget fédéral. M. Brodie a dû démissionner de son poste de chef de cabinet du premier ministre.

Même si l'avenir de l'ALENA ne semble pas en danger, l'administration Obama pourrait être tentée de retourner à un plus grand protectionnisme économique sous l'influence du Congrès démocrate. "Il y a un danger pour nous: que le nouveau Congrès démocrate passe des lois susceptibles d'aider l'économie américaine.

Un ralentissement

Les élus du Congrès vont être moins chauds sur le libre-échange. Il y aura un ralentissement, sinon un arrêt, du processus de libéralisation économique.

«Heureusement pour le Canada, nous avons déjà l'ALENA», dit M. Chrétien, conseiller stratégique du cabinet d'avocats montréalais Fasken Martineau depuis sa retraite du corps diplomatique fédéral en 2004.

Même si la question de l'ALENA devait ne pas être à l'ordre du jour de la première rencontre officielle Obama-Harper, l'ancien ambassadeur est convaincu que les leaders canadien et américain discuteront surtout d'économie.

«Ils discuteront de l'état de l'économie nord-américaine, dit M. Chrétien. Peut-être même que M. Obama va vouloir en savoir davantage sur le système bancaire canadien. Si j'étais M. Harper, je lui décrirais les avantages de ce système qui a fait ses preuves.»

Autre point à l'ordre du jour de la rencontre Obama-Harper: la frontière canado-américaine. «Les Américains prennent toutes leurs décisions à travers le prisme de la sécurité, dit M. Chrétien. Ils ne vont pas cesser d'être fermes mais ils seront peut-être plus compréhensifs afin de rendre la frontière plus fluide pour les échanges commerciaux.»

Une cérémonie suivie

Raymond Chrétien suivra avec attention la cérémonie d'investiture de Barack Obama mardi à Washington, lui qui a participé à celle de Bill Clinton en 1996 comme ambassadeur du Canada. Selon Raymond Chrétien, l'homme le plus important pour l'économie canadienne au sein de l'administration Obama est le représentant au Commerce (U.S. Trade Representative), Ron Kirk. Ancien maire de Dallas, il est un fidèle de la première heure de Barack Obama. «Ce poste n'est pas le poste le plus visible mais c'est le plus important dans l'administration américaine pour les Canadiens, dit M. Chrétien. Le représentant au Commerce s'occupe des dossiers de nature commerciale comme le bois d'oeuvre. Il doit suivre les instructions de l'administration mais aussi surtout des membres influents du Congrès.»