Après avoir bâti leur industrie en mettant en valeur une multitude de produits, les publicitaires québécois doivent maintenant passer à une nouvelle étape et se vendre eux-mêmes.

Après avoir bâti leur industrie en mettant en valeur une multitude de produits, les publicitaires québécois doivent maintenant passer à une nouvelle étape et se vendre eux-mêmes.

Réagissant aux effets de la mondialisation, qui force les agences de la province à se mesurer aux publicitaires des quatre coins du globe, l'industrie a choisi de passer à l'offensive, notamment par le biais d'un nouveau site internet qui mettra en valeur le talent des créateurs locaux et courtisera les grandes entreprises afin qu'elles viennent tester au Québec leurs solutions de communication.

Les années 2000 ont été riches en fusions et en acquisitions d'entreprises partout à travers le monde, et le Québec n'a pas été épargné. Des entreprises se sont agrandies, d'autres ont disparu. Ces acquisitions ont parfois provoqué un déplacement des centres d'affaires, à l'extérieur du Québec et parfois même du pays.

«Beaucoup d'entreprises du Québec qui avaient leur pied à terre au Québec (...) ont vu leurs centres de décisions se déplacer. Les décideurs sont donc ailleurs, sont plus éloignés. Ca a amené beaucoup plus d'adaptations et de traductions en publicité», explique le président directeur général de l'Association des agences de publicité du Québec (AAPQ), Sylvain Morissette.

L'industrie québécoise de la publicité et des communications marketing, qui s'est bâtie, pendant cinquante ans, spécifiquement pour le marché québécois, doit maintenant se positionner sur l'échiquier mondial.

Dans un contexte où les entreprises nationales et internationales sont moins disposées à créer de la publicité spécifiquement pour le marché québécois et que les agences d'ici sont maintenant en concurrence avec celles du monde entier, les membres de l'AAPQ ont dû réagir pour éviter de devenir des victimes de la transformation de l'industrie.

«L'industrie (québécoise) s'est dit: «On ne va pas être victime de ça, on passe à la prochaine étape», a raconté le président du conseil d'administration de l'AAPQ et président de l'agence bleublancrouge, Sébastien Fauré. On va passer d'un mode défensif - protéger nos frontières - à un mode un peu plus offensifs - s'affirmer, non seulement sur les marchés locaux, mais aussi sur les marchés outre-frontières, au niveau national et international.»

Pour ce faire, la première étape, c'est d'«exister» sur l'échiquier mondial, a conclu l'industrie, qui lancera le 26 janvier Montreal.ad, le premier portail de la créativité publicitaire québécoise, auquel participeront la majorité des agences de publicité de la province.

Le site offrira aux agences québécoises une occasion de faire valoir à l'étranger le travail de leurs créateurs et souhaite, par ricochet, intéresser les talents d'ailleurs à venir explorer la créativité d'ici.

«Le Québec a une opportunité extraordinaire de se développer en ouvrant ses frontières, en accueillant plus de talents», a soutenu M. Morissette, qui souhaite également amener les créateurs québécois à oeuvrer dans les marchés étrangers.

L'AAPQ croit aussi que le Québec peut profiter de la transformation du paysage médiatique, en servant de «laboratoire» aux entreprises internationales qui souhaitent tester de nouvelles stratégies de communication. Le «petit marché» québécois fait en sorte qu'il est beaucoup moins coûteux de tester des solutions de communication innovatrices ici que dans un marché comme la France, par exemple.

«Dans le temps, (les compagnies de) bière faisaient leurs tests au Saguenay-Lac Saint-Jean. Ils disaient: «Si le spot fonctionne au Saguenay, ça va marcher à Montréal», a illustré M. Fauré. Aujourd'hui, on pourrait dire: si ça marche ici, fort est à parier que ça marchera à 200 pour cent en Californie parce qu'on est très similaire à ces gens-là, et il y a beaucoup de chances que ça fonctionne en Europe.»

«Les Québécois ont la capacité de coller à la réalité internationale, peut-être plus que bien des peuples dans le monde», a conclu M. Morissette.