Le plus grand salon automobile des États-Unis s'ouvre ce week-end à Detroit dans un climat morose, alors que les ventes sont en chute libre et que les principaux constructeurs américains se battent pour leur survie.

Le plus grand salon automobile des États-Unis s'ouvre ce week-end à Detroit dans un climat morose, alors que les ventes sont en chute libre et que les principaux constructeurs américains se battent pour leur survie.

La crise financière, le resserrement des conditions du crédit et la récession économique ont provoqué en 2008 une baisse de 18% des ventes de voitures aux États-Unis, à des niveaux inédits depuis 1992.

L'année qui commence devrait être encore pire, les prévisions tablant sur des volumes d'environ 11-12 millions de véhicules vendus, soit encore 1 à 2 millions de moins.

Les ventes ne sont pas tombées au-dessous de 12 millions depuis la récession de 1982, lorsque l'Amérique comptait 70 millions d'automobilistes de moins qu'aujourd'hui.

«Ce salon va être lugubre», prévient Rebecca Lindland chez l'analyste financier IHS Global Insight, qui pronostique une chute de 7,5% des ventes à 12,2 millions de véhicules en 2009.

«Nous venons de sortir d'une des pires années depuis des décennies et 2009 ne paraît pas beaucoup plus souriant. On va moins parler des produits que de la façon dont Detroit va survivre à 2009», ajoute-t-elle.

Alors que tous les constructeurs automobiles ont accusé des pertes significatives et réduit leur production l'an dernier, General Motors [[|ticker sym='GM'|]], Ford [[|ticker sym='F'|]] et Chrysler ont été les plus touchés et vu leur part collective du marché tomber au-dessous de 50% pour la première fois dans l'histoire.

En 2004, les «trois grands de Detroit» se taillaient encore 60% du marché et le pourcentage était de 71,2% il y a dix ans, selon la publication spécialisée Ward's Auto.

En dépit d'années de restructuration douloureuse qui avaient commencé à donner des résultats, la chute brutale des ventes en septembre a contraint le gouvernement américain à octroyer des milliards de dollars US de prêts à GM et Chrysler en crise de liquidités.

Les experts ont mis en garde contre le fait que ces prêts pourraient ne servir qu'à retarder l'effondrement si les constructeurs ne réussissent pas à attirer plus d'acheteurs.

Les paillettes du salon de Detroit ont servi dans le passé d'outil de marketing important, permettant de présenter les nouveaux modèles et de tester les réactions aux concepts automobiles du futur.

Quelque 58 nouveaux modèles - dont 44 premières mondiales - vont être présentés cette année à environ 7000 journalistes venus de 60 pays. Mais nombre de constructeurs ont décidé de ne pas faire le voyage, notamment Nissan, Suzuki, Porsche, Ferrari et Land Rover.

Et la pompe des années précédentes va être revue à la baisse, alors que les budgets de promotion subissent des coupes sombres.

Côté modèles, «il va y avoir quelques innovations», annonce Tom Libby, expert de JD Power, qui prévoit une chute de 13,6% des ventes de voitures aux États-Unis en 2009, à 11,4 millions de véhicules.

Toyota [[|ticker sym='TM'|]] va présenter un nouveau modèle de sa Prius hybride et Honda dévoiler son nouveau modèle hybride, Insight. Ford va également annoncer son projet de voiture électrique.

Chez GM, Cadillac introduit une version mise à jour de son «crossover» SRX, un 4X4 citadin. Et Chevrolet va présenter un nouveau 4X4 de taille moyenne, Equinox, tandis que Ford dévoilera une version plus élégante de sa berline Taurus.

«Un nouveau modèle provoque en général un bref engouement», indique Tom Libby. Mais pas pour longtemps, car «le consommateur a peur», souligne l'expert. «Il faut de la stabilité dans l'économie tout entière, et il faut s'éloigner de cette plongée permanente des indices boursiers pour que l'acheteur reprenne progressivement confiance», dit-il.

Le Salon International de l'Automobile de Detroit ouvre ses portes à la presse dimanche et 700 000 visiteurs sont attendus d'ici à la fermeture le 25 janvier.