Après des ventes plutôt décevantes aux Fêtes, qui surtout n'ont pas généré les profits espérés, plusieurs chaînes se préparent à des mois déficitaires, des restructurations et des fermetures de magasins, au Canada et au Québec.

Après des ventes plutôt décevantes aux Fêtes, qui surtout n'ont pas généré les profits espérés, plusieurs chaînes se préparent à des mois déficitaires, des restructurations et des fermetures de magasins, au Canada et au Québec.

Il a déjà fallu des mois d'efforts pour les aider, en 2008, et la spécialiste du commerce de détail de RSM Richter Chamberland, Marie-Claude Frigon, ne s'attend pas non plus à chômer en 2009. «Il y aura de l'action, mais pas nécessairement des faillites», déclare-t-elle à La Presse Affaires.

Pas d'hécatombe au Canada comme aux États-Unis, renchérit Jean Lambert, directeur de la recherche de l'International Council of Shopping Centers (ICSC), de New York. «Les défis seront plus grands aux États-Unis», dit-il.

De nombreux détaillants américains (Macy's, Nordstrom, JCPenney, Sears, Gap, American Eagle, Saks, Neiman Marcus) ont en effet dû hier corriger leurs prévisions, accuser des baisses de ventes ou fermer des magasins. Circuit City a déjà invoqué la loi de faillite. «Tous en profitent pour demander des baisses de loyers aux centres commerciaux», dit Jean Lambert. «Ça va être affreux aux États-Unis. C'est dur même pour les bons détaillants», souligne l'analyste de Goldman Sachs, Adrianne Shapira.

Difficile pour tout le monde

Les ventes comparables (magasins ouverts depuis au moins un an) des chaînes américaines ont baissé de 1,7% en décembre et de 2,2% durant les deux derniers mois de 2008, selon l'ICSC.

«Il faut prendre des vitamines» pour les détaillants canadiens et québécois, note Marie-Claude Frigon. «D'ici mars prochain, ce sera difficile, pas pour tout le monde. On verra qui nécessitera des mesures draconiennes.»

Déjà plusieurs détaillants ont sabré les dépenses, mais tout en misant sur le gros potentiel des Fêtes pour les ventes et les profits. «Si les premiers mois de l'année sont déficitaires, les Fêtes permettent de se rattraper. Cette fois ci, ça n'a pas été assez fort pour récupérer les pertes. Parce que les affaires n'ont pas décollé rapidement, des chaînes ont fait de gros rabais», explique Marie-Claude Frigon.

«Au Canada aussi, des détaillants ont sabré les prix, quitte à rogner sur leurs profits», note Jean Lambert. «Des clients ont malgré tout attendu à la dernière minute pour acheter leurs cadeaux», ajoute Marie-Claude Frigon.

L'ICSC s'attendait dès après octobre dernier à des Fêtes difficiles pour les centres commerciaux régionaux, aux États-Unis surtout, déclare Jean Lambert. Si leurs ventes ont augmenté de 2,9% au Canada, elles ont chuté de 9,4% aux États-Unis. «L'ICSC n'a jamais publié de chiffres aussi bas. L'écart est énorme entre les deux pays, souligne Jean Lambert. La confiance a baissé aussi au nord, avec le fort vent du sud, mais les Canadiens ont vu leurs revenus disponibles augmenter. Les trois prochains mois ne s'annoncent pas aussi pénibles au Canada.»

Ventes concentrées

«Les ventes ont été concentrées encore davantage à la fin de la période des Fêtes, mais elles ont été intéressantes", assure par contre le directeur du marketing de Future Shop, Thierry Lopez. "Les écrans plats, les lecteurs Blu-ray, les systèmes de navigation GPS, les ordinateurs portables et les NetBook ont été les plus populaires.»

Cela dit, Paul Vaillancourt est en train de fermer Meubles Vaillancourt, son magasin principal de Laval, après avoir liquidé ses trois succursales. «La concurrence des meubles d'Asie et des grandes chaînes ont fait mal (au groupe de 110 employés).» Il n'entend toutefois pas quitter le milieu. «À 67 ans, il me reste un peu de santé et d'argent et je ne veux pas tout laisser dans le magasin. Comme je suis un peu jeune, je vais devenir consultant. Le travail, c'est la santé.»

Après les résultats potables de Wal-Mart, Kmart, American Apparel et Target, le chef de la direction de Dollarama, Robert Coallier, n'a pas voulu confirmer que la chaîne s'est aussi bien tirée d'affaire, tout comme d'autres dans le vêtement et le sport, selon le directeur d'Altus Géocom, Jean-François Grenier.