Le plan de relance massif de Barack Obama, évalué entre 675 et 775 G$ US, utiliserait deux leviers majeurs: des grands travaux publics et des baisses d'impôt.

Le plan de relance massif de Barack Obama, évalué entre 675 et 775 G$ US, utiliserait deux leviers majeurs: des grands travaux publics et des baisses d'impôt.

Mais alors que les États-Unis connaissent leur pire crise depuis les années 1930, beaucoup se demandent si ce remède permettra de sortir le pays de l'ornière rapidement.

La réponse ne sera peut-être pas connue avant des mois, voire plus. En attendant, la pression s'intensifie pour que l'équipe Obama agisse rapidement.

Le plan de relance du nouveau président envisage des aides à court terme sous la forme de baisses d'impôts de 1000 $ US pour les couples et de 500 $ US pour les célibataires, qui coûteront à l'État fédéral 140 G$ US sur la période 2009-2010.

Selon des sources proches du dossier, ces allégements fiscaux pourraient se traduire concrètement par une baisse des cotisations sur les feuilles de paye, dont les montants seraient du coup plus élevés.

Les États recevraient de leur côté jusqu'à 200 G$ US pour le financement de Medicaid, programme d'assurance-santé destiné aux pauvres. Cette enveloppe servirait également à réduire leurs déficits budgétaires, cause de réductions d'effectifs dans les administrations locales.

Les gouverneurs des États plaident de leur côté pour un programme de travaux publics générateur d'emplois évalué à 136 G$ US, consistant principalement à réparer des routes et des ponts.

Barack Obama a déclaré qu'il voulait «sauver ou créer» 2,5 millions d'emplois au cours de ses deux premières années de mandat. Mais il souhaite désormais porter cet objectif à trois millions du fait de la dégradation des indicateurs économiques, selon un responsable de son équipe de transition.

Pour l'heure, étant donné l'ampleur de la récession, le plan Obama se concentre sur le court terme. En privilégiant des projets déjà dans les tuyaux et en mettant l'accent sur des réparations d'infrastructures, il pourrait faire sentir rapidement ses effets au chapitre de la création d'emplois et de la relance de l'activité.

De cette manière, l'administration Obama se donnerait également du temps pour financer d'autres projets dont la réalisation pourrait prendre des années.

«S'occuper des infrastructures existantes n'est pas aussi passionnant que d'inaugurer de nouveaux projets, mais cela pourrait générer des emplois rapidement», souligne Martin Baily, ancien conseiller économique de Bill Clinton.

Si le plan Obama est évalué entre 675 et 775 G$ US, selon les conseillers du président élu, son examen au Congrès pourrait l'enrichir de nouvelles mesures et faire grimper la facture à 850 G$ US. Selon l'équipe Obama, un plan de 850 G$ US pourrait générer quelque 3,2 millions d'emplois d'ici au premier trimestre 2011.

Certains économistes prônent un programme de relance encore plus onéreux, jusqu'à 1300 G$ US. Reste que le plan Obama serait «le nouvel investissement le plus important dans nos infrastructures nationales depuis que le président Eisenhower a créé le réseau d'autoroutes inter-États dans les années 1950», affirme le président élu.

Chaque dollar investi en dépenses d'infrastructures générerait environ 1,60 $ US d'activité économique, selon des économistes. Quant aux baisses d'impôts, peuvent-elles relancer l'économie? Certains sont sceptiques.

«La plupart des dépenses d'infrastructures vont créer plus d'emplois d'ici la fin de 2010 qu'une baisse d'impôt», estime Mark Zandi, chef économiste chez Moody's Economy.com. «Une partie de la baisse d'impôt sera épargnée et une autre sera dépensée dans des biens importés, réduisant ainsi son impact sur l'emploi.»

Les travaux d'infrastructure peuvent être lents à stimuler l'économie, au moins six à neuf mois. Mais un tel délai apparaît plus acceptable désormais alors que la crise semble partie pour durer, peut-être jusqu'en 2010, voire au-delà.

«Je pense que dans le cas présent c'est un bon choix», estime Simon Johnson, ancien chef économiste au Fonds monétaire international (FMI) et professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Et d'ajouter: «De nombreuses infrastructures du pays sont délabrées.

Comparativement à d'autres pays riches, les États-Unis sont à la traîne» dans ce domaine.

Le facteur temps est essentiel. Les projets de travaux publics doivent être menés pendant que l'économie va mal. S'ils sont lancés après le rebond de l'activité, ils pourraient faire grimper les coûts et les salaires, et attiser des tensions inflationnistes.

Quel que soit son montant final, le plan de relance creusera le déficit budgétaire des États-Unis, qui semble déjà parti pour atteindre le niveau record de 1000 G$ US pour l'année fiscale 2009, commencée le premier octobre. Ce qui serait plus que le double du précédent record enregistré l'an dernier.

Malgré tout, les économistes conviennent qu'une action énergique et efficace est impérative. «L'économie a besoin d'un remède à long terme», souligne John Taylor, professeur à l'université de Stanford, qui a occupé un poste important au département du Trésor sous l'administration Bush.