La crise vous crispe? La dépression vous déprime? C'est peut-être le moment de revenir aux préceptes de base: un budget taillé sur mesure, aux proportions bien équilibrées et juste assez serré. Un classique indémodable.

La crise vous crispe? La dépression vous déprime? C'est peut-être le moment de revenir aux préceptes de base: un budget taillé sur mesure, aux proportions bien équilibrées et juste assez serré. Un classique indémodable.

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Le budget n'a jamais été à la mode? Faux, réplique vigoureusement Bertrand Rainville, conseiller budgétaire au Centre d'intervention budgétaire et sociale de la Mauricie (CIBES). Pour son mémoire de maîtrise, il s'est intéressé aux pratiques de gestion familiale dans les années 50. «Les femmes s'occupaient largement des affaires... et c'était pas mal mieux géré qu'aujourd'hui, constate-t-il. Mais le rapport à l'argent et au crédit n'était pas du tout le même. Les gens avaient été élevés par des parents issus de la crise.» L'autre crise.

L'actuelle crise financière aidant, le budget familial redevient sexy.

«On éprouve souvent le besoin de faire un budget quand on est serré, mais c'est la période la plus difficile pour lancer un budget», soutient pourtant Bertrand Rainville. «Un budget, ça se commence dans une période de prospérité.»

Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. Après trois mois, vous aurez déjà une excellente idée de vos dépenses, des fuites à colmater si nécessaire, des réserves à constituer. Bref, vous serez prêt si la tempête souffle plus fort.

Le principe d'un budget est souvent mal compris. La première partie de l'exercice consiste à faire pour l'année des prévisions mensuelles dans lesquelles les revenus et les dépenses s'équilibrent. Au terme de cet effort, certains, la conscience en paix, se reposent sur leurs lauriers immérités.

Erreur.

«C'est bien de parcourir cette étape, mais ce n'est que la première», rappelle Hélène Talbot, qui en a vu de toutes les couleurs dans les cours sur le budget qu'elle donne à l'ACEF du Nord de Montréal. «Il faut ensuite tenir son budget!»

D'autant plus que les prévisions, lors d'un premier essai, sont souvent aussi approximatives qu'optimistes. «Quand je demande aux gens combien ça leur coûte d'épicerie par semaine, ils répondent qu'ils l'ignorent, souligne-t-elle. Et combien leur coûtent leurs vêtements chaque année? Ils ne le savent pas davantage. C'est normal, ils ne l'ont jamais noté!»

L'inscription systématique des dépenses est la seule manière de faire corroborer ces prévisions par la réalité. L'entraînement permettra d'ailleurs de s'approcher de la cible.

Les dépenses seront divisées entre celles qui ne varient pas d'un mois à l'autre - les dépenses fixes, comme le loyer ou les mensualités d'un prêt auto - et celles qui dépendent des circonstances - les dépenses variables, comme les vêtements ou l'alimentation.

«C'est avec les variables que les gens ont de la difficulté», constate Mme Talbot.

Les dépenses les plus difficiles à cerner sont les petites dépenses quotidiennes. Il n'y a pas d'échappatoire possible: il faut les suivre à la trace. À l'ACEF du Nord de Montréal, on propose d'utiliser un petit calepin pour noter la moindre dépense quotidienne. Au CIBES, on fournit de petits cartons pour y inscrire, par catégories, les dépenses quotidiennes, à 5 cents près.

Hélène Talbot suggère de faire cet exercice consciencieusement pendant au moins un mois. «Après deux mois, les gens ont souvent validé combien il leur fallait chaque semaine pour leurs dépenses.»

Il s'agit en définitive d'une prise de conscience des dépenses et de leur destination. «Le budget n'est pas un problème de chiffres, c'est un problème de décisions, soutient Bertrand Rainville. Ces décisions concernent des valeurs, des choix de vie.»

C'est une façon de maîtriser votre vie... malgré la tourmente.