Canards du Lac Brome a décidé de faire son nid au Québec. L'époque où elle exportait 50% de sa production est bel et bien révolue.

Canards du Lac Brome a décidé de faire son nid au Québec. L'époque où elle exportait 50% de sa production est bel et bien révolue.

Cette PME, l'un des cinq plus importants éleveurs de canards en Amérique du Nord, a entrepris de conquérir les papilles des Québécois et des Canadiens. Et elle est en voie de gagner son pari.

Au Québec seulement, l'entreprise des Cantons-de-l'Est a vu ses ventes passer de trois à huit millions de dollars entre 2004 et 2007. L'objectif ultime de Claude Trottier, président de Canards du Lac Brome, est de doubler ce montant au cours des prochaines années pour atteindre un chiffre d'affaires de 16 millions, uniquement au Québec.

«Un canard par année, par Québécois», espère M. Trottier. Actuellement, les ventes de l'entreprise totalisent 18 millions.

Dans cette optique, la PME vient d'inaugurer un espace gourmand à l'angle du boulevard Saint-Laurent et de l'avenue Mont-Royal, à Montréal. Un investissement de près de 500 000$. Baptisée Le Canard libéré, cette boutique offre une vingtaine de produits à base de canard.

L'endroit compte également un comptoir à sandwich et de mets prêts à manger. Il s'agit d'une première incursion pour l'entreprise, qui possède déjà un magasin à son siège social de Knowlton.

Changer les moeurs

«Notre objectif n'est pas d'ouvrir des magasins un peu partout au Québec, car nos produits sont déjà disponibles dans à peu près tous les supermarchés, explique Claude Trottier. On veut simplement faire connaître encore plus le canard aux Québécois. C'est un mets qui n'est pas dans nos moeurs et nous voulons changer cela. C'est un produit de niche qui est accessible à tous.»

Question de rendre le canard encore plus attrayant, Canards du Lac Brome développe depuis quatre ans des produits précuits, notamment de la tourtière, du confit de poitrine désossé, de la saucisse, etc. Ces produits se vendent entre 10$ et 30$.

M. Trottier espère que dans le futur, les gens achèteront un canard comme on achète un poulet au supermarché.

Changement de cap

Les premiers cas de grippe aviaire en 2003-2004 et la lente ascension du dollar canadien, aujourd'hui à parité avec le billet vert, ont tôt fait de signifier à la direction de la PME qu'un changement de cap s'imposait.

Les efforts ont donc été mis sur les produits à valeur ajoutée afin d'augmenter les ventes au Canada, où le canard est surtout prisé par les communautés asiatiques.

La PME, fondée en 1912, a connu son âge d'or en 2000-2001, alors que ses ventes ont atteint 21 millions. Mais la grippe aviaire a fait perdre des plumes à l'entreprise de 150 employés.

Le Japon a fermé ses frontières à au moins deux reprises. En 2003, onze conteneurs destinés au Japon, et neuf autres au Mexique, n'ont jamais quitté le port de Vancouver.

Le Mexique refuse encore à ce jour d'acheter de la volaille canadienne. Les exportations ont donc perdu de leur lustre aux yeux de Claude Trottier.

Ce qui n'empêche pas Canards du Lac Brome de vendre encore 17% de sa production à l'étranger, notamment aux États-Unis, à Hong-Kong et même jusqu'en Polynésie française. Les ventes canadiennes représentent maintenant 83% (dont 35% au Québec) des activités de la PME.

Le plus important concurrent de la PME est l'américaine Maple Leaf Duck Farms et son élevage de 12 millions de canards.

La concurrence

Évidemment, si le canard gagne en popularité au Canada, les Américains seront les premiers à s'en réjouir.

Avec des coûts de production inférieurs aux nôtres (main-d'oeuvre, prix du grain, etc.), combinés à la faiblesse de leur monnaie, ils seront à même de concurrencer les produits de Canards du Lac Brome.

L'entreprise québécoise est la plus vieille et la plus importante ferme d'élevage de canards au Canada avec une production avoisinant les 2 millions d'oiseaux par année.

Elle élève du canard de Pékin, un palmipède aux plumes blanches.

À l'arrivée de Claude Trottier en 1991, l'entreprise en élevait tout au plus 500 000.

À ses installations de Knowlton, la PME compte des mères pondeuses, un couvoir, des bâtiments d'élevage, de même qu'un abattoir. Elle possède également une ferme d'élevage à Racine, près de Valcourt.