Le fondateur du site internet Cake Financial est catégorique: «Rien ne prouve que les experts sont meilleurs que le reste d'entre nous pour choisir les actions qui performent.» Études à l'appui, Steven Carpenter soutient que «nombre d'individus battent le marché» en se passant des services de conseillers financiers.

Le fondateur du site internet Cake Financial est catégorique: «Rien ne prouve que les experts sont meilleurs que le reste d'entre nous pour choisir les actions qui performent.» Études à l'appui, Steven Carpenter soutient que «nombre d'individus battent le marché» en se passant des services de conseillers financiers.

Installé à San Francisco, Steven Carpenter se dit convaincu que les investisseurs ne peuvent qu'améliorer le rendement de leurs placements en échangeant des informations. C'est pour cette raison qu'il a lancé le site de réseautage Cake Financial en septembre 2007.

Accès à d'autres données

Fonctionnant un peu sous le même principe que Facebook, Cake Financial permet d'accéder aux données des autres membres du site. La grosse différence? On ne s'y donne pas rendez-vous pour des 5 à 7, on y analyse plutôt l'évolution du portefeuille d'actions de ses contacts.

En gros, le site permet d'identifier les meilleurs investisseurs et de copier leurs placements. Les membres sont invités à se construire un réseau de contacts pour partager leurs informations et se donner des conseils. Ils peuvent également recevoir un message d'alerte lorsqu'un autre membre décide de vendre des actions.

Sur Cake Financial, comme sur le site concurrent Covestor, les placements présentés sur la page des membres ne sont pas fictifs.

Ils correspondent à leurs investissements en argent sonnant. En adhérant, les membres sont en effet invités à donner accès à leurs comptes de courtage.

Cet accès permet ensuite aux sites de présenter en temps quasi réel la performance du portefeuille de chacun des membres. Si Cake Financial ne fonctionne pour l'instant qu'avec des sociétés de courtage américaines, son concurrent Covestor possède déjà des ententes avec quelques courtiers canadiens comme TD Waterhouse, précise Perry Blacher, cofondateur du site.

Toujours gratuits pour l'instant, ces sites comptent faire payer certains de leurs services à l'avenir. Covestor a notamment développé un modèle où les membres qui souhaitent répliquer automatiquement le portefeuille d'un autre membre devront payer certains frais. Ces frais seront ensuite en partie versés au membre dont le portefeuille est «copié».

Ces sites de réseautage permettent-ils d'obtenir des rendements intéressants? Depuis le début de l'année, les membres de l'élite de Cake Financial (10% du total) ont battu l'indice Standard&Poor's (-5,59% contre -11,13%), tandis que la moyenne des membres ont obtenu un rendement légèrement inférieur (-12,39%). Du côté de Covestor, Perry Blacher soutient qu'«un de nos membres sur cinq bat de manière constante l'indice S&P sur une période de trois mois consécutifs».

Les meilleurs investisseurs

Chaque semaine, Covestor dresse d'ailleurs le portrait d'un de ses meilleurs investisseurs. Même s'il n'est membre du site que depuis le début 2008, Patrick Jo Smith vient de faire l'objet d'un de ses portraits en raison de ses performances spectaculaires. Plus de 130 membres du site suivent d'ailleurs activement ses placements.

Il dit passer de 10 à 15 heures par semaine à gérer son portefeuille. Pourquoi utilise-t-il le site? «Pour mesurer ma performance par rapport aux meilleurs investisseurs», explique-t-il. Il précise également utiliser le site «comme un générateur d'idées pour trouver de nouveaux titres qui n'étaient pas sur mon radar».

Cake Financial et Covestor ne sont que deux exemples d'une industrie de plus en plus florissante. Un peu dans le même genre, on retrouve notamment UpDown, MarketGuru, Valueforum.com ou Marketocracy.com.

Si tous ces sites offrent des fonctions un peu différentes les uns des autres, ils ont en commun de préférer «l'intelligence collective» aux conseillers financiers. La plupart de ces sites arguent que les conseillers financiers font souvent passer leurs propres intérêts avant ceux de leurs clients.

«Ils sont payés même quand ils perdent votre argent», tonne Steven Carpenter.

«Nos membres sont à la recherche de bonnes idées. Ce qu'ils voient sur le site, ce sont de vrais personnes qui investissent leur propre argent. Ils veulent savoir ce que ces gens ont à dire, précise Perry Blacher. Ces personnes sont bien plus crédibles que quelqu'un qui fait simplement vous dire que vous devriez investir dans telle compagnie dont vous ne connaissez même pas le nom.»