L'entente signée avec les travailleurs d'Olymel n'a pas fait que des heureux. Environ un an plus tard, ils sont 262 employés à avoir quitté l'usine de Vallée-Jonction.

L'entente signée avec les travailleurs d'Olymel n'a pas fait que des heureux. Environ un an plus tard, ils sont 262 employés à avoir quitté l'usine de Vallée-Jonction.

Pour le syndicat, il ne fait aucun doute, les travailleurs partent pour deux raisons: le climat de travail est «pourri» et les conditions salariales, moins alléchantes. En février 2007, les 1100 employés avaient accepté une baisse de 30% de leur salaire en moyenne afin de garder l'usine ouverte.

«Il y a encore beaucoup d'intimidation à l'intérieur de l'entreprise. On manque de respect envers les travailleurs. Ajouté à cela les diminutions de salaires et ça devient explosif», affirme Martin Maurice, président du syndicat de l'usine de Vallée-Jonction.

Pour le syndicat, la situation devient de plus en plus délicate chez Olymel. Car l'usine perd des travailleurs avec de l'expérience. Ces employés démissionnaires avaient en moyenne 11 ans d'ancienneté.

«Ces gens-là ne vont pas à la retraite, mais bien vers des emplois où ils auront du respect», souligne M. Maurice. D'autres sont tout simplement retournés aux études.

Du côté de la direction, on nuance la position du syndicat. «Il y a toutes sortes de raisons pour quitter une entreprise. Il y a notamment eu des départs volontaires», assure Richard Vigneault, porte-parole chez Olymel.

Malgré ces départs, l'entreprise a tout de même conservé le même nombre d'employés soit 1100 travailleurs. Mais le roulement de personnel est important et Olymel s'est mis en mode recrutement.

Ainsi, beaucoup de gens habitant la région immédiate de Vallée-Jonction – et jusqu'à la Rive-Sud de Québec - ont reçu par la poste ces derniers jours une publicité les invitant à postuler chez Olymel.

Embaucher pour augmenter la production ?

Sur cette publicité, l'entreprise dit être à la recherche de 50 journaliers permanents et de 50 occasionnels qui pourraient travailler comme manoeuvres. Tout cela, afin de «soutenir les objectifs d'augmentation de production», comme l'indique le papier en question. C'est aussi ce que pense le syndicat qui croit que «la direction veut hausser la vitesse de la chaîne en automne».

Mais pour Richard Vigneault, la lecture est différente. «Pas question d'augmenter la cadence. Nous fonctionnons déjà à plein régime», dit-il.

Selon lui, cette offensive publicitaire n'est pas exceptionnelle. Elle vise notamment à pallier les départs de quelques travailleurs qui ont profité d'un congé sans solde, une clause inscrite dans la convention collective signée en février 2007. Toutefois, selon le porte-parole, la presque totalité de ces travailleurs sont revenus avant l'expiration de ce congé.

«C'est une offensive de recrutement pour combler les besoins de l'entreprise. Ce n'est pas une procédure inhabituelle pour nous, on le fait aussi pour plusieurs autres usines», assure M. Vigneault.

Cette «offensive» a justement permis à Olymel de recevoir 120 candidatures. Sur celles-ci, 50 personnes seront choisies.

Toutefois, le porte-parole le concède. Le taux de roulement est plus important dans une usine comme celle-ci si on compare avec d'autres secteurs du marché du travail.

«On s'entend pour dire que ce taux est plus important que dans des bureaux», dit-il.

Mais pour le syndicat, le constat est plus amer. Selon eux, l'usine a embauché quelques centaines d'employés – le chiffre avancé est de 400 travailleurs depuis le mois de mai 2007 – mais plus de la moitié d'entre eux sont repartis et ne sont pas comptabilisés dans les 262 départs. En bref, le va-et-vient est continuel à l'usine.

«Environ six personnes embauchées sur 10 sont reparties», soutient M. Maurice. Un chiffre que la direction ne corrobore toutefois pas. «Nous avons plutôt un taux de roulement de 6%», avance M. Vigneault.

L'embauche de ces nouveaux travailleurs ne se fait pas sans heurts. Selon le président du syndicat, ces employés arrivent rapidement et on a bien peu le temps de les former. Résultat: plusieurs doivent arrêter le travail en raison de blessures diverses dont des coupures, des tendinites, etc.

Climat de travail difficile

Autre point de divergence: selon la direction, le climat de travail n'est pas mauvais, contrairement à ce que laisse entendre le syndicat.

«Tous les efforts ont été investis pour rendre le travail plus agréable», dit-il.

Du côté du syndicat, on indique que l'atmosphère s'est à nouveau détériorée. «C'était mieux après le débrayage en avril dernier, mais en ce moment c'est de retour à la normale», avance l'organisation.

Du côté de la direction, on constate que des améliorations doivent encore être apportées.

«Nous ne nions pas le problème. Nous avons toujours soutenu qu'il y avait du chemin à parcourir des deux côtés», rétorque Richard Vigneault.