La vigueur du dollar canadien n'a pas empêché les skieurs américains de visiter les stations de glisse du Québec cet hiver, mais ceux-ci ont raccourci leur séjour, selon des données fournies par Station Mont Tremblant.

La vigueur du dollar canadien n'a pas empêché les skieurs américains de visiter les stations de glisse du Québec cet hiver, mais ceux-ci ont raccourci leur séjour, selon des données fournies par Station Mont Tremblant.

«Les Américains viennent skier, mais ils ajustent leurs dépenses en conséquence, dit le vice-président du marketing à Mont Tremblant, Benoît Deshaies. La durée moyenne de leur séjour est passée de quatre à trois jours.»

Les statistiques d'hébergement de la station des Laurentides montrent que le nombre de réservations par les skieurs américains a diminué de 2%, alors que le nombre total de nuitées a chuté de 8%. C'est donc dire que les Américains placent presque autant de réservations, mais de plus courte durée.

Le succès de la liaison aérienne New York - Mont-Tremblant, offerte pour la première fois cette année par Continental Airlines, illustre que les skieurs des États-Unis sont toujours là.

Après un départ plutôt lent en début de saison, la liaison entre les aéroports de Newark et La Macaza devrait conclure l'année avec un taux d'occupation global dépassant les 50%.

Si la relâche québécoise bat son plein, beaucoup d'Américains ont déjà pu profiter de leurs vacances hivernales lors de la Washington Week, du 18 au 22 février. Il semble que les plaques d'immatriculation américaines étaient en vedette dans les stationnements des stations de destination.

Le porte-parole de l'Association des stations de ski du Québec (ASSQ), Alexis Boyer, était au mont Orford en plein coeur de la relâche. «La station était remplie d'Américains, dit-il. Il n'y avait presque pas de plaques du Québec.»

La directrice des communications du mont Orford, Louise Faucher, confirme que les Américains étaient au rendez-vous. «Il y en a eu plus que l'an dernier. Les commerçants de Magog sont très heureux.»

En début de saison, il a été maintes fois avancé que les skieurs américains bouderaient les stations d'ici.

«On s'attendait donc à une baisse d'achalandage, dit Louise Faucher. On a été surpris. On avait pris plus de groupes scolaires du Québec durant la relâche américaine, mais finalement on a failli manquer de moniteurs!»

Au mont Sainte-Anne, près de Québec, il est encore trop tôt pour présenter des chiffres officiels, mais la relationniste Samantha McKinley confirme qu'il y a eu des Américains sur les pistes. En début de saison, la station annonçait un nombre record de réservations en provenance des États-Unis.

Les fêtes du 400e anniversaire de Québec ont eu des retombées bénéfiques sur la venue de touristes à la station, indique Mme McKinley.

Et selon des recherches de marketing menées par la station aux États-Unis, le skieur voyageur ne se laisse pas décourager par les variations des devises.

Il faut dire que le prix du billet de remontée au Québec est «un argument de vente incontournable», selon Alexis Boyer, de l'ASSQ.

«Malgré la parité du dollar, nous avons un produit hautement compétitif. Le prix moyen des billets journaliers est encore plus bas que dans la plupart des 120 stations de Nouvelle-Angleterre.»

«Les Américains ne sont pas fous. Ils magasinent!» souligne Louise Faucher.

Si le bilan de fin de saison révèle tout de même une diminution de la clientèle américaine, elle ne devrait donc pas être trop marquée.

Pas la faute au huard

Il n'en reste pas moins que depuis quelques années, la tendance est à la diminution du nombre de skieurs américains sur les pentes du Québec. Or, le huard n'a atteint la parité que cette année.

«Il ne faut pas mettre la faute sur le dollar», dit le titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l'UQAM, Michel Archambault.

«La monnaie n'est qu'un élément du phénomène, mais ce n'est pas un élément majeur», ajoute-t-il.

Le chercheur montre plutôt du doigt le manque d'investissements dans les infrastructures des stations de ski du Québec. «Le produit mérite d'être bonifié.»

«Là où le dollar fait mal, c'est que les Canadiens sortent davantage», note M. Archambault.

«Je ne crois pas que les skieurs québécois sont allés massivement aux États-Unis, dit toutefois Alexis Boyer, de l'ASSQ. On a vendu un nombre record d'abonnements de saison cet hiver.»