La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a décidé de faire de l'augmentation des salaires des travailleurs du secteur public son cheval de bataille en 2009. Et ce, malgré la crise économique qui point à l'horizon.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a décidé de faire de l'augmentation des salaires des travailleurs du secteur public son cheval de bataille en 2009. Et ce, malgré la crise économique qui point à l'horizon.

Les 12 prochains mois s'annoncent chargés pour la CSN: la moitié des syndicats de la Fédération nationale des communications entreront en négociations; un conflit se prépare au Journal de Montréal; des contrats de travail doivent être renouvelés dans l'ensemble des usines du secteur des pâtes et papiers, durement touché par les soubresauts économiques; idem pour une partie des commerces du secteur de l'alimentation. Et ce ne sont que quelques exemples.

«Je ne dis pas qu'on va se présenter et demander de doubler les salaires, mais les travailleurs n'ont pas eu leur juste part de la croissance de la richesse dans la société depuis 10 ans. Cette heure-là est révolue», a déclaré hier la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, au moment de dresser son bilan de fin d'année.

Les mauvaises nouvelles des dernières semaines laissent pourtant envisager que les travailleurs devront faire des concessions pour sauver leurs emplois. «Les lendemains ne s'annoncent pas particulièrement heureux, a reconnu Mme Carbonneau. Mais si on essaie de se sortir de la crise en baissant les salaires, il y aura moins de consommation, moins de demande, et plus d'emplois qui disparaîtront. Ce n'est pas vrai que c'est en affaiblissant les travailleurs qu'on pourra améliorer leur situation.»

Pour donner plus de poids à ses revendications, la CSN suggérera à tous ses membres du secteur public de former un front commun avec la Fédération des travailleurs du Québec en vue du renouvellement des conventions collectives, en 2010. Les premières négociations devraient débuter dans les prochaines semaines. Ce front commun représenterait près de 190 000 des 450 000 employés de la fonction publique provinciale, mais il pourrait être encore plus vaste si d'autres organisations syndicales répondent à l'appel lancé par la CSN. La centrale juge qu'il existe un retard «extrêmement important» entre les conditions du secteur public par rapport au privé, qui accentue la pénurie d'employés dans les domaines de la santé et de l'éducation, entre autres.

Faire face à la crise

La liste des tâches et des revendications de la CSN ne s'arrête pas là. La présidente a dressé un portrait assez sombre de la dernière année, et particulièrement des derniers mois. Elle exige plusieurs actions des gouvernements pour redresser la situation en 2009. Des «groupes de vigilance» ont déjà été mis sur pied avec le gouvernement Charest, mais la CSN appréhende le prochain budget du gouvernement fédéral, qui sera déposé le 27 janvier prochain à Ottawa. «C'est le gouvernement Harper qui nous inquiète le plus. Son énoncé économique (du 29 novembre dernier) était une véritable négation de la crise, avec une série de mesures toutes plus contre-productives les unes que les autres», a dit Mme Carbonneau. Elle doute que la baisse temporaire de la taxe sur les produits et services (TPS) soit de nature à relancer la consommation et demande à Ottawa de mettre rapidement en place un forum de réflexion pour étudier les meilleurs moyens de mieux répartir la richesse au pays.

En 2008: 25 conflits

La CSN a connu 25 conflits de travail qui ont touché près de 3800 salariés québécois en 2008. Les relations semblent de plus en plus tendues dans les centres d'hébergement privés, mais la CSN estime avoir fait des gains significatifs dans le secteur de l'hôtellerie au sujet de la charge de travail et de la conciliation travail-famille. Le jugement de la Cour supérieure qui a invalidé à l'automne les lois 7 et 8 empêchant la syndicalisation de quelque 25 000 travailleuses à domicile, dont 14 000 éducatrices de service de garde, fait aussi partie des bons souvenirs de 2008. Plus de 70 requêtes en accréditation ont déjà été préparées ou sont en voie de l'être.