L'assureur américain AIG, menacé d'une crise de liquidités imminente, a obtenu des autorités de l'État de New York un répit, sous la forme d'une autorisation à ponctionner 20 milliards de dollars dans les caisses de ses filiales, pour assurer son fonctionnement.

L'assureur américain AIG, menacé d'une crise de liquidités imminente, a obtenu des autorités de l'État de New York un répit, sous la forme d'une autorisation à ponctionner 20 milliards de dollars dans les caisses de ses filiales, pour assurer son fonctionnement.

Le gouverneur de New York David Paterson a demandé au régulateur des assurances de son État «de donner l'autorisation à AIG d'accéder à des actifs de 20 milliards de dollars par l'intermédiaire de ses filiales».

Le dirigeant démocrate, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse, a expliqué que l'assureur était «financièrement sain», avec 77,9 milliards d'excédent de fonds propres, mais qu'il connaissait un problème de liquidités.

AIG a son siège à New York et la supervision des sociétés d'assurance est aux Éats-Unis du ressort des autorités de l'État d'implantation.

Cette bouée de sauvetage n'a pas rassuré les investisseurs: après son plongeon de 31% vendredi, l'action AIG a chuté massivement de 61% lundi, pour tomber à 4,76 dollars. En un an, le groupe a perdu 93% de sa valeur, et ne vaut plus que 12,8 milliards de dollars.

M. Paterson a souligné qu'il ne s'agissait pas d'un plan de sauvetage sur fonds publics. Cette décision s'apparente à «donner à AIG la possibilité de se consentir à lui-même un prêt-relais», a-t-il dit, en mettant en avant les conséquences sociales dramatiques pour son État d'une faillite du groupe.

Le gouverneur a aussi demandé à son responsable de la régulation des assurances, Eric Dinallo, de discuter d'une «solution» avec les autorités fédérales. «Nous lançons un appel au gouvernement fédéral pour qu'il agisse, après que nous avons creusé les fondations», a lancé M. Paterson.

Campant sur la ligne dure qui l'avait conduit à accepter la faillite de Lehman Brothers pendant le week-end, le secrétaire au Trésor Henry Paulson a toutefois exclu d'investir le moindre cent d'argent public dans AIG.

«Laissez-moi vous dire que ce qui se passe maintenant n'a rien à voir avec le moindre prêt-relais du gouvernement. Ce qui se passe à New York est un effort du secteur privé», a souligné M. Paulson devant la presse.

Selon la chaîne d'information financière CNBC, le Trésor ferait pression sur les banques Goldman Sachs et JPMorgan Chase pour qu'elles syndiquent un prêt de 70 à 75 milliards de dollars en faveur de l'assureur en difficulté.

Après avoir hébergé tout le week-end les négociations sur l'avenir de Lehman Brothers, la banque de réserve fédérale de New York a confirmé qu'une réunion sur AIG avait été organisée dans la journée dans ses locaux. Y ont participé des représentants de l'État de New York, du Trésor et «d'un groupe d'institutions financières» dont la composition n'a pas été rendue publique.

L'ancien numéro un mondial de l'assurance a des activités très diverses. Le groupe est notamment présent dans la location-vente d'avions, les prêts immobiliers et les prêts à la consommation.

Il détient surtout une filiale financière, AIG Financial Products Corp. (AIGFP), à l'origine de ses difficultés.

Dans le cadre de ses activités de marché, peu développées chez les autres assureurs, AIG a émis un nombre très élevé de «credit default swaps» (CDS), des instruments financiers assurant les investisseurs contre les défauts de paiement d'un émetteur d'obligations.

Ces produits complexes, souvent liés au marché immobilier américain, sont au coeur de la crise bancaire actuelle et ont déjà entraîné d'énormes dépréciations d'actifs à travers le monde.

Selon un document transmis aux autorités boursières américaines (SEC), au 30 juin 2008, AIG avait accumulé une exposition considérable de 441 milliards de dollars sur ces produits.

Dans l'immédiat, le danger pour AIG pourrait venir des agences de notation: si elles considèrent l'assureur moins solvable et baissent sa note, AIG devrait augmenter ses provisions et pour cela trouver de l'argent frais.