Après être tombée en dormance durant deux mois l'hiver dernier, l'économie du Québec a vécu une étonnante montée de sève, en avril.

Après être tombée en dormance durant deux mois l'hiver dernier, l'économie du Québec a vécu une étonnante montée de sève, en avril.

Cela lui a permis de grandir de 0,9% en avril, effaçant du coup les rétrécissements surprenants de 0,2% et 0,4%, en février et mars. Il s'agit de la plus forte croissance réelle mensuelle depuis octobre 2006, selon l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).

À titre de comparaison, la solide expansion pancanadienne a été limitée à 0,4% au cours du mois.

«Le produit intérieur brut d'avril (PIB) est plus élevé que celui de janvier, fait remarquer Yves Saint-Maurice, directeur et économiste en chef adjoint chez Desjardins. On peut oublier la récession pour l'instant. C'est une très bonne nouvelle.»

La côte n'était pas facile à remonter. Au premier trimestre, l'économie du Québec s'était contractée de 0,8%, sur une base annuelle, soit bien plus que le repli de 0,3% de l'économie canadienne.

Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps. N'empêche qu'il paraît très bien commencé. Outre les très bons chiffres du PIB, l'Indice précurseur Desjardins, qui sert de présage au comportement de l'économie sur un horizon de trois à six mois, était à la hausse pour le troisième mois d'affilée, en mai. Il avait bien anticipé le ralentissement de l'automne et de l'hiver en ayant reculé au cours des cinq mois précédant sa remontée.

La croissance en avril a été assurée tant par la production des biens que celle des services. Dans le premier cas, il s'agit d'une première augmentation en six mois.

«Au premier trimestre, la baisse des stocks avait surpris, rappelle M. Saint-Maurice, Peut-être que les entreprises ont reconstruit leurs stocks en partie. On s'attend à un relèvement de la croissance à mesure que l'année avance. Ce sera sans éclat, mais on s'en va vers le meilleur.»

En fait, une bonne partie de l'expansion a été assurée par le rendement des usines qui a avancé de 3,3% en un mois. «La production des fabricants au cours des quatre premiers mois de 2008 est inférieure de 3,7% à celle de la même période de 2007», nuancent toutefois Réjean Aubé et Bertrand Gagnon, économistes à l'ISQ, dans la présentation de leurs compilations.

Ce début d'année décevant demeure moins grave que celui de l'ensemble du secteur de la fabrication canadienne qui a fait marche arrière de 5,2% après quatre mois cette année, à cause surtout des déboires de l'industrie automobile ontarienne.

En avril, 15 des 21 groupes de la production manufacturière québécoise ont progressé. En tête du palmarès: le bond de 16,2% de la production de machines. Ce sous-ensemble un peu fourre-tout regroupe de l'équipement agricole, des machines-outils pour la métallurgie, des pompes, des compresseurs, des convoyeurs, du matériel de buanderie ou de bureau et j'en passe.

Depuis le début de l'année, ce type de production est néanmoins encore à la baisse, face à l'an dernier.

Curiosité mensuelle, le repli le plus important du secteur manufacturier est venu du matériel de transport, et plus précisément de son sous-secteur aéronautique. Depuis 2004, notent MM. Aubé et Gagnon cependant, ce secteur progresse et la tendance demeure à la hausse après quatre mois.

La construction résidentielle continue de tiédir après la surchauffe des deux dernières années.

L'activité commerciale est restée robuste, tant dans le gros, le détail que dans le transport et l'entreposage.

Les services d'enseignement, d'industries environnementales et de santé se sont repliés, mais ils demeurent en expansion cette année.

Il y a enfin de nouveau progrès dans les services financiers, un secteur dont la taille de 43,2 milliards sur une base annuelle talonne de plus en plus celle de la fabrication, encore bonne première à hauteur de 45,7 milliards.

Exprimé en dollars de 2002, le PIB de l'économie québécoise s'élevait à 251,23 milliards en avril, ce qui correspond à 20,4% de l'économie canadienne. Les Québécois représentent 23,3% de la population canadienne.