L'industrie de la météorologie ne se limite pas aux services d'information au grand public. Un nombre croissant de firmes privées investissent des secteurs jadis occupés par Environnement Canada. Peu à peu, un marché voit le jour.

L'industrie de la météorologie ne se limite pas aux services d'information au grand public. Un nombre croissant de firmes privées investissent des secteurs jadis occupés par Environnement Canada. Peu à peu, un marché voit le jour.

«Depuis le début des années 2000, il y a un désengagement d'Environnement Canada de secteurs spécialisés. Ils n'ont plus le temps ou les ressources pour fournir autant de services que dans le passé», dit Rabah Hammouche, météorologue adjoint chez Enviromet.

Enviromet est l'un des deux principaux acteurs dans le domaine de la météorologie industrielle au Québec.

Forte d'une dizaine de météorologues, la petite entreprise établie dans le nord de Montréal offre ses services à des municipalités et au ministère des Transports.

«Un déneigeur d'Anjou peut avoir besoin de services détaillés sur les précipitations dans son secteur, auxquelles il n'a pas accès par les bulletins météo courants», explique M. Hammouche.

Le long de l'autoroute 20, l'entreprise a installé des stations météo qui mesurent dans le détail les conditions routières. Selon les données recueillies, Transports Québec peut émettre des avertissements, envoyer une équipe de déneigeurs ou encore prendre la décision de fermer la route.

La division commerciale de Pelmorex, propriétaire de la chaîne MétéoMédia, fournit des services analogues: «On personnalise notre bulletin météo selon les besoins, en ajoutant des nuances, en augmentant la fréquence des prévisions», explique Martin Bélanger, directeur de l'équipe météo.

Pelmorex s'est aussi récemment dotée d'un réseau de détection de la foudre qui pourra être utilisée par des compagnies d'assurances ou d'énergie.

«Une compagnie d'électricité a besoin de savoir quand ses lignes de transmission sont menacées, fait-il valoir. Une compagnie d'assurances veut vérifier que des dégâts ont bel et bien été causés par la foudre.»

Marché plus petit au Québec

Le marché de la météorologie privée reste cependant bien plus embryonnaire au Québec que dans le reste du Canada et aux États-Unis.

«Le secteur public est encore très présent ici. Une ville québécoise va hésiter si on lui offre des services pour 200$ par mois, alors qu'en Ontario, c'est monnaie courante», dit M. Hammouche.

Alors que Pelmorex fournit des informations à Hydro One, la société d'État en charge de l'électricité en Ontario, Hydro-Québec possède ses propres services.

Des firmes de génie-conseil comme Amec et Senes sont aussi présentes au Canada anglais et fournissent des services à des municipalités, mais sont à peu près absentes au Québec.

La situation est encore plus favorable au privé aux États-Unis.

«La place du privé et du public est plus clairement définie là-bas, ce qui encourage les initiatives», explique Ian Rutherford, chef de la direction à la Société canadienne de météorologie et d'océanographie.

Des villes comme Asheville, en Caroline-du-Nord, où est établi le National Climatic Data Center, tentent même de faire de la météo une de leurs industries phares.

Des entreprises créées par d'anciens chercheurs analysent par exemple des données fournies par le gouvernement pour les revendre à des investisseurs sur les marchés à terme ou à des réseaux de télévision.

«Depuis les années 2000, on sent un changement de mentalité et il y a une croissance de l'industrie privée de la météo au Canada, affirme M. Rutherford, optimiste. C'est impossible pour le gouvernement de répondre à tous les besoins.»