Le Québec Inc. peut respirer.

Le Québec Inc. peut respirer.

La Caisse de dépôt et placement a toujours eu et aura toujours beaucoup d'investissements au Québec, a souligné Henri-Paul Rousseau, patron de la Caisse, jeudi, lors de la divulgation des résultats de l'exercice financier de 2007 du «bas de laine des Québécois».

«Une telle situation est tout à fait normale et devrait perdurer indéfiniment car le marché de proximité de la Caisse sera toujours le Québec et un investisseur de proximité peut toujours mesurer les risques et saisir les occasions sur son marché», a souligné M. Rousseau.

Cette précision survient sur fond d'acquisitions d'entreprises québécoises et canadiennes par des intérêts étrangers. Plusieurs se questionnent sur le degré d'interventionnisme que devrait avoir l'État et ses satellites afin de conserver le contrôle du Québec Inc.

Du même souffle, le patron de la Caisse a indiqué que l'institution est de «classe mondiale» et qu'elle doit diversifier son risque géographique.

Cette saine diversification a un seul but: en faire profiter «tous les régimes québécois», a poursuivi M. Rousseau.

Pour preuve de cette implication dans l'économie du Québec, la Caisse a souligné qu'entre 2002 à 2006, la croissance de la valeur des placements dans le secteur corporatif de la province a été de 6,2%. C'est plus que l'augmentation du PIB du Québec qui était de 4,5%.

M. Rousseau a toutefois indiqué que la rentabilité demeure la priorité de la Caisse.

«L'équilibre entre le rendement et la contribution de la caisse au développement économique du Québec ne pose pas de problème si l'objectif de la décision du placement est d'obtenir un rendement correspondant au risque de la transaction», a souligné M. Rousseau.

«Le contrôle d'une entreprise doit être le résultat d'une décision de placement mais ne doit pas être l'objectif de cette décision», a-t-il plaidé.

L'ancien Premier ministre du Québec, Jacques Parizeau, a récemment déploré que la Caisse de dépôt ne détienne aucune action de la Banque Nationale.

«Il n'y a rien de personnel, contre personne, c'est notre métier, il ne faut pas voir aucune interprétation malicieuse. Nous faisons énormément d'affaires avec la Banque Nationale», a donné en guise de réponse M. Rousseau.

La question des PCAA

Autre précision: Henri-Paul Rousseau a dû revenir sur l'exposition de l'institution aux subprime.

Malgré une provision de 1,9 G$ en vue d'une dépréciation des placements dans le papier commercial adossé à des actifs, la Caisse s'en tire bien, selon M. Rousseau qui a dévoilé un rendement de 5,6% pour 2007.

Essentiellement parce que la composante jugée «de prudence» – évaluée à 1,4 G$ - a de forte chances d'être récupérée. Et ce, compte tenu de la qualité des actifs sous-jacents et du degré d'avancement du projet de restructuration de ce marché au Canada, a indiqué la Caisse.

«En bout de ligne, on voit que la Caisse était relativement peu exposée aux subprime», a donc indiqué M. Rousseau.

Celui-ci a également justifié les placements dans le PCAA par la Caisse. Et il est revenu sur la crise du papier commercial au Canada. Un événement qualifié de «très surprenant» par le principal intéressé.

«Il est survenu dans un marché où les actifs étaient de très bonne qualité comme en témoignait la cote de crédit AAA qui leur était accolé. Surtout la crise a été le résultat d'un alignement très improbable d'événements», a souligné M. Rousseau.

Le patron de la Caisse a également pointé les banques canadiennes et internationales qui selon lui n'ont pas débloqué les liquidités en vue de permettre aux investisseurs de récupérer leur investissement. Une situation propre au Canada et unique dans le monde, selon M. Rousseau.

«La crise du papier commercial au Canada a été un problème de système où les responsabilités sont partagées», a indiqué M. Rousseau.

C'est également cette responsabilité partagée qui a permis à tous les acteurs dans ce dossier d'éviter la liquidation désordonnée du PCAA, ce qui aurait été le plus grand risque, selon Henri-Paul Rousseau.