Au moment où la plupart des Canadiens seront encore en train de se remettre des festivités du Nouvel An, les 100 dirigeants d'entreprises les mieux payés au pays auront déjà gagné le salaire annuel du travailleur moyen en 2009.

Au moment où la plupart des Canadiens seront encore en train de se remettre des festivités du Nouvel An, les 100 dirigeants d'entreprises les mieux payés au pays auront déjà gagné le salaire annuel du travailleur moyen en 2009.

Selon une étude rendue publique jeudi par le Centre canadien de politiques alternatives, à 9h04 vendredi matin, les chefs de direction les plus riches auront déjà gagné 40 237 $.

Préparé par l'économiste Hugh Mackenzie, l'étude révèle que les 100 dirigeants les mieux payés d'entreprises cotées en bourse gagnaient un salaire moyen de 10 millions $ en 2007, soit la dernière année complète pour laquelle les données sont accessibles.

«Au moment où votre ordinateur aura fini de redémarrer à votre premier jour de retour au bureau, le pdg moyen aura déjà encaissé ce qu'un travailleur canadien moyen met une année à gagner, peut-on lire dans le rapport. Plusieurs des 100 patrons les plus riches sont des banquiers, qui ont reçu récemment des milliards de dollars du gouvernement fédéral en mesures de renflouement pour racheter des prêts hypothécaires.»

Selon le rapport, la somme de tous les salaires des pdg, qui dépasse le millard de dollars, correspond à une hausse record de 22 pour cent par rapport à l'année précédente et s'ajoute à une décennie d'augmentations sans précédent.

L'étude est basée sur les divulgations effectuées par les sociétés cotées à la Bourse de Toronto. Ces rémunérations comportent les salaires, bonis, recettes tirées d'options sur titres et autres paiements.

Le doyen de l'école de gestion de l'Université de Toronto, Roger Martin, a confirmé que l'écart entre les salariés les moins payés et les mieux payés a commencé à s'accroître dans les années 1980 et s'est élargi plus rapidement dans la décennie suivante.

Il a attribué l'accroissement de cet écart à la cupidité, essentiellement. Selon lui, la question que se posent les pdg a changé: autrefois, ils se demandaient combien d'argent ils avaient besoin, mais désormais ils se demandent combien ils peuvent arracher à leur entreprise. Cela nuit à l'entreprise et aux employés, au dire de M. Martin.

M. Mackenzie juge que les revenus des grands patrons pourraient être plus élevés que jamais en 2008, même si la chute des marchés et le ralentissement économique provoqueront la perte de milliers d'emplois.

«Dans un monde rationnel, on s'attendrait à une grosse baisse de la rétribution des hauts dirigeants en 2008, ainsi qu'en 2009», a-t-il commenté. Dans un monde rationnel, a-t-il, ajouté, on ne s'attendrait pas non plus à voir le salaire moyen des 50 pdg les mieux payés passer de 104 fois le salaire canadien moyen, en 1995, à 400 fois de nos jours.

Le dirigeant le mieux payé est Mike Lazaridis, patron de Research in Motion, l'entreprise à l'origine du terminal Blackberry. Il a empoché plus de 51 millions $ en 2007.