Les entreprises de développement et de tests de jeux vidéo qui ont choisi de s'établir ailleurs qu'à Montréal et Québec ont connu une croissance extraordinaire en 2007.

Les entreprises de développement et de tests de jeux vidéo qui ont choisi de s'établir ailleurs qu'à Montréal et Québec ont connu une croissance extraordinaire en 2007.

Leur effectif total a augmenté de 189%, selon le rapport sur l'emploi dans l'industrie du jeu électronique au Québec en 2008, publié par TECHNOcompétences, organisme de soutien au développement de la main-d'oeuvre.

L'entreprise drummondvilloise Bluberi, spécialisée dans le développement de jeux vidéo pour les casinos, fait partie de ces entreprises qui ont grandi à l'extérieur des grands pôles.

Bluberi, qui reste mal connue à Montréal, a vu son effectif passer de 190 personnes en 2006 à 250 personnes en 2007, une hausse de plus de 30%. Elle compte maintenant 262 employés.

Selon les prévisions de TECHNOcompétences, la croissance sera plus modérée cette année dans les régions (22%), ce qui devrait tout de même porter le nombre total d'emplois à plus de 370. Ce nombre dépassait à peine la centaine en 2006.

Dans l'industrie du jeu vidéo, s'établir hors des grands centres ne vous éloigne pas du marché. Il est facile de travailler à distance et les entreprises en profitent.

Car dans la métropole, et de plus en plus à Québec, on s'arrache la main-d'oeuvre. Il faut donc aller chercher les talents ailleurs. Sarbakan, entreprise bien établie dans la capitale avec ses 110 employés, vient d'ailleurs d'ouvrir un bureau à Sherbrooke il y a à peine deux semaines.

«Il y a de plus en plus de concurrence à Québec, explique la directrice du marketing de Sarbakan, Sara Garneau. On a découvert que beaucoup de personnes de talent ne veulent pas travailler ni à Montréal ni à Québec. On a ciblé Sherbrooke parce que c'est là qu'il y a le plus de potentiel pour l'instant.»

Sarbakan, qui n'a embauché que quatre personnes pour le moment à Sherbrooke, prévoit y employer entre 15 et 20 personnes d'ici de 18 à 24 mois.

Jonathan Mercier a choisi d'installer sa boîte Citérémis en plein coeur du centre-ville de Sherbrooke, davantage pour des raisons personnelles (il voulait revenir dans sa région) que professionnelles.

Mais à l'instar de Sarbakan, il note que la main-d'oeuvre est présente et qu'il y a de l'intérêt pour le domaine. «L'Université de Sherbrooke fournit beaucoup de programmeurs et ça aide beaucoup», dit-il.

Charles D'Amours, directeur des ressources humaines de Bluberi, note quant à lui que son bassin de main-d'oeuvre est notamment constitué de travailleurs montréalais qui ne sont pas natifs de la métropole, et qui veulent revenir en région.

C'est grâce à ce type de main-d'oeuvre et aux travailleurs qualifiés provenant de l'immigration que l'entreprise a augmenté son effectif de plus de 50% en trois ans.

Au-delà des régions, c'est toute l'industrie québécoise du jeu vidéo qui est en feu, selon les données de TECHNOcompétences. La croissance globale devrait être de l'ordre de 25% d'ici la fin de 2008, pour un total prévu de quelque 7500 emplois. En 2002, l'industrie était limitée à 1200 emplois.

Selon Jean-François Dumais, directeur de projet chez TECHNOcompétences, six entreprises, dont Ubisoft et Beenox, prévoient embaucher plus de 100 personnes cette année.

Les excellentes perspectives internationales y sont pour beaucoup. Selon une étude de PricewaterhouseCoopers, le marché global passera de 31,6 milliardsUS en 2006 à 48,9 milliardsUS en 2011. Le marché des jeux sur cellulaire, par exemple, devrait augmenter de 10% par année jusqu'en 2011, selon le cabinet américain Gartner.

«Le bassin de joueurs est de plus en plus grand, et il y a de nouveaux types de supports et d'applications, note M. Dumais. En plus, le Québec tire bien son épingle du jeu. Ailleurs dans le monde, le taux de croissance est davantage autour de 10%.»

Mais peu de choses sont éternelles. «La croissance québécoise ne peut être si soutenue pendant plusieurs années, indique le directeur général de l'Alliance numérique, Pierre Proulx. On fonctionne à pleine capacité. Ceux qui sortent des maisons d'enseignement peinent à combler tous les besoins.»

Selon Charles D'Amours, de Bluberi, il faudra s'adapter. «Il va falloir regarder les façons de travailler à l'interne pour être capable de faire plus avec ce qu'on a. On ne pourra pas toujours se fier qu'à l'embauche, mais plutôt voir comment on peut travailler différemment.»