GM, 1400 licenciements. ClosetMaid, 500. Quebecor World, 320. Semaine après semaine, les mauvaises nouvelles s'accumulent en Ontario, frappé par la restructuration de l'économie.

GM, 1400 licenciements. ClosetMaid, 500. Quebecor World, 320. Semaine après semaine, les mauvaises nouvelles s'accumulent en Ontario, frappé par la restructuration de l'économie.

Pendant ce temps, au Québec, on annonce un investissement de 5,5 G$ dans l'énergie éolienne et la firme américaine Morgan Stanley prévoit le maintien ou la création de 500 emplois informatiques à Montréal.

Le cauchemar en Ontario, l'euphorie au Québec? Pas si vite, disent les économistes: les deux provinces sont durement frappées par la concurrence asiatique, la hausse du dollar et la récession américaine.

N'empêche, ce parallèle entre les récentes nouvelles des deux économies est à l'image d'un certain rattrapage du Québec sur l'Ontario au cours des années 2000, a pu constater La Presse Affaires.

La plupart des indicateurs pointent dans le même sens. Chômage, investissements et revenu disponible par habitant indiquent un rétrécissement de l'écart avec l'Ontario. Certes, la province voisine demeure plus riche et conserve une situation enviable. Néanmoins, le Québec a comblé une partie du fossé qui le sépare de l'Ontario depuis quelques années.

En 1987, par exemple, le taux de chômage était de 10,2% au Québec, soit quatre points de pourcentage de plus qu'en Ontario. Vingt ans plus tard, la proportion de chômeurs n'est plus que de 7,2% au Québec et l'écart avec l'Ontario est de moins d'un point de pourcentage.

En fait, à 0,8 point de pourcentage en 2007, l'écart du taux de chômage entre les deux provinces est le plus faible depuis 60 ans. En 1948, après la Deuxième Guerre mondiale, le taux de chômage était officiellement de 2,5% au Québec et de 1,7% en Ontario (voir tableaux).

Autre donnée fondamentale: les investissements. Au cours des années 2000, le Québec a vu le niveau de ses investissements croître de 60%, contre 48% en Ontario.

Pour les sceptiques, le revenu personnel disponible par habitant, soit le revenu global des particuliers après impôt, vient confirmer la tendance. Depuis huit ans, ce revenu par habitant a crû de 20,2% au Québec, contre 13,6% en Ontario.

Le huard fait plus mal

Différentes raisons peuvent expliquer ce rattrapage du Québec. D'abord, l'Ontario est davantage frappé par la hausse du dollar canadien depuis cinq ans, explique l'économiste Benoit P. Durocher, du Mouvement Desjardins.

En Ontario, 40% de la production est exportée, comparativement à 33,7% au Québec (la moyenne canadienne est de 33,8%). «La hausse du dollar canadien leur fait plus mal», dit M. Durocher.

Sont également montrées du doigt les colossales difficultés des constructeurs automobiles américains. En Ontario, la production automobile représente 30% du secteur manufacturier. Or, GM, Ford et Chrysler ont engrangé des pertes énormes ces dernières années et multiplié les licenciements.

Signe des temps, la part de marché des trois grands est d'ailleurs tombée sous la barre des 50% aux États-Unis l'été dernier. «Les trois grands constructeurs américains sont en restructuration, ce qui cause des problèmes à l'Ontario», dit M. Durocher.

En comparaison, le secteur prépondérant du Québec, l'aérospatial, représente environ 10% du secteur manufacturier et se porte beaucoup mieux, avec les Bombardier, Pratt&Whitney, Bell Helicopter et CAE.

Autre élément: le Québec a assaini ses finances publiques au cours des dernières années et amélioré ses relations de travail. La hausse progressive des transferts fédéraux n'a également pas nui, de même que la baisse des impôts.

Le Québec a aussi été sensible aux préoccupations fiscales des entreprises. Contrairement à l'Ontario, par exemple, le Québec a transformé sa taxe de vente en une taxe sur la valeur ajoutée dès 1992, harmonisant ainsi sa taxation avec la TPS du fédéral.

En Ontario, l'ancienne taxe de vente, encore en vigueur, augmente le coût des entreprises et diminue leur compétitivité. Au ministère fédéral des Finances, on estime d'ailleurs que le taux d'imposition marginal des entreprises sur les investissements sera bientôt de 30,6% en Ontario, contre 18,9% au Québec.

Quoi qu'il en soit, l'Ontario recule par rapport à la moyenne canadienne. À tel point que la province risque de bénéficier des paiements de péréquation du fédéral pour la première fois depuis 30 ans, selon une récente analyse du Groupe financier TD.

Pascal Gauthier, économiste à la Banque TD, à Toronto, constate aussi ce rattrapage, mais n'y voit qu'un prix de consolation pour le Québec. «Ce ne sont pas deux économies en forte croissance, dit-il. Il ne faut pas se complaire dans ce rattrapage puisque l'Ontario souffre actuellement», dit M. Gauthier.

En comparaison, l'économie de l'Ouest canadien est en feu. Alimentée par le boom pétrolier, la région a vu ses investissements croître de presque 120% depuis 1999, pour atteindre 142 G$. Au surplus, le revenu personnel disponible par habitant dans l'Ouest a crû de 28% durant les années 2000 et la province de l'Alberta a complètement remboursé sa dette.