C'est la question à cent mille dollars.

C'est la question à cent mille dollars.

Toute entreprise qui veut vendre à l'étranger doit d'abord cibler le bon marché.

Avouons-le, les affaires prennent maintenant une dimension planétaire, grâce à l'avancement technologique, aux avantages de la spécialisation et à l'ouverture d'esprit des gens.

Mais pour participer à cette nouvelle tendance qu'est l'internationalisation, toute entreprise a nécessairement besoin d'un marché d'exportation dynamique, populeux, en croissance et facile d'accès.

Malheureusement, il faut de la patience pour dénicher cette perle rare, car tous les marchés étrangers ne présentent pas le même intérêt pour un exportateur.

Au Québec, les entreprises ont toutefois la chance d'être aiguillonnées par le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE), qui analyse le potentiel et le dynamisme des marchés étrangers.

Cette évaluation, presque mécanique, nécessite le traitement de plusieurs données.

On analyse notamment le niveau de développement du pays, la valeur des importations de biens et services par habitant et le degré de diversification des importations.

À cela s'ajoute la perspective de croissance, l'importance de l'Amérique du Nord en tant que fournisseur, le risque associé à ce pays et les mesures protectionnistes.

"Nous considérons aussi les liens que ces pays entretiennent avec le Québec afin de jauger le mariage des cultures et le degré d'ouverture", dit Jean-Pierre Furlong, directeur de l'analyse du commerce extérieur et de l'investissement étranger du MDEIE.

Habituellement, la valeur des exportations québécoises par pays est un critère qui fournit une approximation assez exacte des possibilités pour les entreprises québécoises de réaliser des activités rentables à un endroit donné.

Selon cette analyse, les États-Unis sont un marché tout aussi intéressant que le reste du Canada, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Mexique, la Chine, etc.

En fait, tous ces pays jugés "prioritaires" présentent un potentiel élevé en termes de retombées financières pour une entreprise québécoise.

Les exportateurs qui cherchent à diminuer leur dépendance face aux États-Unis peuvent donc y puiser des idées.

"Nombre d'exportateurs se tournent actuellement vers d'autres avenues en raison de la hausse du dollar canadien, du raffermissement des exigences de sécurité à la frontière et de la crise du crédit", convient Diane G. Dubé, vice-présidente de la région du Québec chez Exportation et développement Canada (EDC).

On constate déjà que le poids des États-Unis dans le commerce de marchandises canadiennes est passé de 82,2% en 2004 à 75,3% en 2007.

Ce mouvement a jusqu'à présent avantagé l'Union européenne, les pays émergents et les autres provinces canadiennes.

Fait intéressant, en compilant les statistiques sur le commerce de marchandises par niveau de développement des pays, on réalise que les exportateurs canadiens ont nettement une préférence pour les pays émergents.

Entre 2004 et 2007, la croissance annuelle moyenne des exportations canadiennes vers ces pays a été de 16%, comparativement à 3% pour les pays développés, remarque Stuart Bergman, directeur de l'analyse économique et des prévisions d'EDC.

L'an dernier, cette croissance a même atteint 18% dans les pays émergents, par rapport à 0% dans les pays développés.

L'attrait des marchés en émergence provient à la fois de leur potentiel actuel et futur.

Les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), par exemple, qui comptent 40% de la population mondiale et ont une croissance économique enviable, sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important sur la scène mondiale.

Un rapport de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, publié en 2003, prévoit en outre que la Chine et l'Inde se hisseront respectivement aux premier et troisième rangs mondiaux en 2050.

Les États-Unis et le Japon se trouveraient relégués en deuxième et en quatrième position.

Bien que la Russie connaisse une évolution moins spectaculaire, elle est néanmoins appelée à devenir la première puissance européenne, devant l'Allemagne.

"Le Canada est bien positionné pour répondre aux besoins des économies émergentes puisque leur demande porte surtout sur les matières premières et les produits d'infrastructure", note M. Bergman.

De plus, au fur et à mesure que le niveau de vie des habitants augmentera, d'autres débouchés seront créés.

Évolution des exportations canadiennes (millions$ CAn)2006 2007 Variation en %

États-Unis 336 706,7 331 901,3 -1%

Royaume-Uni 9218,9 11 374,5 23%

Japon 9221,1 8875,4 -4%

Chine 7182,8 8787,8 22%

Mexique 4020,6 4289,9 7%

Norvège 1854,7 3654 97%

Pays-Bas 2786,3 3591,3 29%

Allemagne 3560,5 3457,9 -3%

Corée du Sud 3188,3 2897,9 -9%

Belgique 2335,7 2877,7 23%

Sous-total 380 075,5 381 707,7 0%

Autres 31 314,4 37 257,5 19%

TOTAL (tous) 411 390 418 965,1 2%

Pays à privilégierRang Pays

1 États-Unis

2 Reste du Canada

3 Allemagne

4 Royaume-Uni

5 Mexique

6 Australie

7 France

8 Pays-Bas

9 Irlande

10 Japon

11 Italie

12 Espagne

13 Russie

14 Chili

15 Danemark

16 Suisse

17 Chine

Source : MDEIE