Suspendre la production l'an prochain de la centrale au gaz naturel de TransCanada Energy (TCE) de Bécancour coûtera les yeux de la tête à Hydro-Québec.

Suspendre la production l'an prochain de la centrale au gaz naturel de TransCanada Energy (TCE) de Bécancour coûtera les yeux de la tête à Hydro-Québec.

On ne parle plus d'une somme de 54 M$, mais bien de 150 M$, a appris Le Soleil.

Selon nos informations, Hydro-Québec devra continuer à verser à TCE une «prime fixe» dite de puissance en 2008.

«On parle d'un montant estimé entre 90 et 110 M$ par année», a avancé jeudi au Soleil une source bien au fait du dossier.

À cette prime de puissance, il faut ajouter un dédommagement de 54 M$ qu'Hydro-Québec offre à la multinationale albertaine pour forcer l'arrêt de la centrale privée de 507 mégawatts (MW) l'an prochain.

«C'est le même principe qu'une voiture louée, a tenu à illustrer une autre source. On a beau ne pas la faire rouler et épargner les frais d'essence, on doit tout de même payer les paiements mensuels de la location à la banque. Dans ce cas précis, Hydro-Québec paiera très cher pour une voiture qui ne roulera pas en 2008.»

Chez Hydro-Québec, on confirme qu'une «prime fixe» de puissance devra être versée à TCE en 2008. La société d'État refuse toutefois de dévoiler le montant total de cette prime.

«Cela fait partie d'une entente de confidentialité», a soutenu hier la porte-parole d'Hydro-Québec Distribution, Josée Morin.

Dans des documents déposés le mois dernier à la Régie de l'énergie, la société d'État n'a d'ailleurs pas voulu exposer les montants fixes qui seront versés à TCE en 2008. Des phrases complètes du protocole d'entente ont été rayées à l'encre noire avant qu'il soit rendu public.

D'après nos calculs, acheter les 507 MW en provenance de la centrale de TCE à Bécancour devrait coûter l'an prochain à Hydro-Québec près de 417 M$.

La prime fixe de puissance versée à TCE varie selon le prix du gaz naturel. À un coût d'achat moyen de 7,7 cents du kWh, la prime fixe de puissance est estimée à environ 95 M$ en 2008.

Des surplus

Devant la Régie la semaine dernière, Hydro-Québec a fait valoir qu'en raison des importants surplus d'électricité dont elle dispose - environ 5,6 térawattheures (TWh) en 2008 - , l'achat d'électricité en provenance de la centrale de Bécancour n'était plus requise en 2008.

Le hic, c'est que le contrat ferme d'approvisionnement liant Hydro-Québec à TCE est d'une durée de 20 ans. Ce contrat a été approuvé par la Régie de l'énergie en 2004. Pour suspendre cette entente, Hydro-Québec doit d'abord ob tenir le feu vert du tribunal réglementaire.

Hydro-Québec soutient que cette entente de dédommagement avec TCE lui permettrait de limiter les reventes l'an prochain à seulement 1,3 TWh.

Pourtant, en 2004, Hydro-Québec clamait haut et fort qu'elle allait manquer de courant en 2008, 2009 et 2010.

Pour espérer répondre à cette forte demande prévue, la division Distribution a alors signé un important contrat d'approvisionnement avec la multinationale albertaine.

En échange de la construc- tion d'une centrale au gaz de 500 M$ dans le parc industriel de Bécancour, TransCanada s'engageait à fournir de l'électricité à un coût moyen de 6,1 cents du kilowattheure à Hydro, et ce, pour une durée de 20 ans.

L'entente liant les deux parties comportait cependant une clause d'indexation au prix du gaz naturel. Or, la flambée des prix du gaz observée ces dernières années a fait grimper les coûts de l'électricité produite à la centrale de Bécancour.

Rappelons que l'an dernier, la filiale Distribution d'Hydro avait demandé à la Régie de l'énergie de suspendre des contrats d'approvisionnement pour l'année 2007.

La Régie avait alors dit non à la société d'État qui a été contrainte d'écouler sur les marchés extérieurs près de 5 TWh. Ces surplus ont notamment fait chuter les prix d'électricité dans le nord-est américain au cours de l'hiver dernier.