L'OPEP prépare une baisse de production substantielle pour sa prochaine réunion, le 17 décembre en Algérie, alors que l'économie mondiale ne cesse de se détériorer, pesant sur la demande de pétrole, et que les prix dégringolent.

L'OPEP prépare une baisse de production substantielle pour sa prochaine réunion, le 17 décembre en Algérie, alors que l'économie mondiale ne cesse de se détériorer, pesant sur la demande de pétrole, et que les prix dégringolent.

Lors d'une réunion consultative au Caire samedi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a maintenu sa production inchangée mais a «convenu de prendre toute action supplémentaire» pour stabiliser le marché «le 17 décembre», a indiqué Chakib Khelil, ministre algérien du Pétrole et président du cartel jusqu'à fin 2008.

Son secrétaire général, Abdallah el-Badri, a été encore plus explicite en affirmant qu'il y avait au sein de l'OPEP «un consensus général pour une action» en faveur d'une baisse de production lors de «la prochaine réunion» d'Oran.

Ils ont ainsi clairement préparé le terrain à une nouvelle baisse de la production du cartel, la troisième en quatre mois.

Sans donner de chiffre précis, M. el-Badri a parlé d'un montant «substantiel».

Pour Raad Alkadiri, analyste de PFC Energy, l'OPEP a donné «des signes» en faveur d'une baisse de 1,5 à 2 millions de baril par jour (mbj).

«Je pense qu'ils vont devoir couper d'au moins 1 mbj», renchérit Bill Farren-Price, de Medley Global Advisors.

Le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari, a estimé dimanche que le marché mondial souffrait d'un excédent de 2 mbj. Mais il s'est refusé à préciser l'ampleur de la réduction que Téhéran souhaitait pour la réunion d'Oran.

Le 24 octobre, l'OPEP avait annoncé une baisse de 1,5 mbj du seuil de production de ses 11 membres soumis au système des quotas (l'Irak en est exclu), à 27,3 mbj à partir du 1er novembre.

En septembre, ils avaient déjà appelé à un plus strict respect des quotas, ce qui équivalait à une baisse de production de quelque 500 000 barils par jour.

«L'OPEP fait face aux circonstances les plus dures depuis 10, voire 30 ans», ce qui rend les décisions difficiles et les relations en son sein plus fractionnées» et même «tendues», remarque Raad Alkadiri, analyste de PFC Energy, qui souligne que le marché est «extrêmement baissier».

L'OPEP, qui produit 40% du pétrole mondial, est confrontée à un dilemme: ne pas resserrer son offre suffisamment entraînerait la formation d'un surplus sur le marché pétrolier et pousserait les prix encore plus à la baisse, la réduire trop serait contre-productif.

Le cartel avait chèrement payé il y a dix ans son manque de réactivité face à la crise asiatique. Il avait réduit sa production trop tard et les prix étaient tombés sous les 10 dollars le baril.

L'OPEP veut à tout prix éviter que ce scénario se reproduise, alors que les prix du brut ont fondu de près de 70% depuis leurs records de juillet, tombant sous 50 dollars la semaine dernière, au plus bas depuis près de quatre ans.

Mais trop réduire l'offre pétrolière pourrait aggraver la situation critique à laquelle sont déjà confrontés les pays développés, dont la plupart sont aujourd'hui en récession, et accélérer le ralentissement de la croissance dans les pays émergents forts consommateurs comme la Chine ou l'Inde.

«La situation économique se détériore chaque semaine», constate Bill Farren-Price, ce qui sape la demande d'or noir.

«Chaque fois que les prix du pétrole commencent à baisser, la politique interne de l'OPEP devient plus difficile», d'où le rythme de plus en plus rapproché des réunions, ajoute-t-il.

Car pomper moins de pétrole signifie dans l'immédiat en vendre moins, et voir ses revenus baisser. En outre, réduire l'offre fait prendre le risque aux membres de l'OPEP de voir les producteurs hors OPEP gagner des parts de marché à leur dépens.

Le secrétaire général en a donc profité pour appeler les pays hors OPEP à participer à la baisse de production du cartel, et a indiqué que le Mexique, la Norvège ou la Russie devraient venir à la réunion d'Oran.