La demande mondiale de pétrole devrait se contracter en 2008, pour la première fois depuis un quart de siècle, a estimé mardi dans son rapport mensuel le cabinet CGES, pour qui dorénavant l'évolution des prix dépendra de la capacité concrète de l'OPEP à baisser son offre.

La demande mondiale de pétrole devrait se contracter en 2008, pour la première fois depuis un quart de siècle, a estimé mardi dans son rapport mensuel le cabinet CGES, pour qui dorénavant l'évolution des prix dépendra de la capacité concrète de l'OPEP à baisser son offre.

«Une contraction de la demande mondiale en 2008 et 2009 est maintenant une possibilité réelle pour la première fois en 25 ans», souligne du cabinet londonien Centre for Global Energy Studies, fondé par l'ancien ministre saoudien du pétrole cheikh Ahmed Zaki Yamani.

Avec cette mise en garde, le CGES enfonce les pronostics les plus pessimistes : l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le département américain de l'énergie et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont ces derniers jours fortement révisé à la baisse leurs prévisions de demande.

Ces trois institutions continuent à parier sur une croissance de la demande en 2008, infime certes mais toujours positive.

Les pronostics très pessimistes du CGES se fondent sur la conviction que «la croissance de la demande pétrolière en Asie, en Amérique latine et au Moye- Orient ne peut plus compenser le déclin persistant dans les pays de l'OCDE, sachant que la demande de bien de consommation fabriqués en Asie vacille et que la croissance débridée de la demande dans les pays producteurs de pétrole se calme».

Dorénavant, la direction des prix dépendra de la manière et de la rapidité avec laquelle l'OPEP réduit sa production pour répondre au déclin de la demande pétrolière», ajoutent les auteurs du rapport.

Une baisse de la production de 1,5 million de barils a échoué à enrayer le recul des prix, puisqu'ils encore perdu 25% depuis que l'OPEP a annoncé cette décision fin octobre à Vienne.

Ce qui compte, souligne le CGES, c'est d'abord la façon dont les pays membres de l'OPEP appliqueront, pays par pays, les baisses de production décidées par le groupe.

Les ministres de l'OPEP «ont déjà décidé de se réunir au Caire fin novembre (...) mais cela rime à peu de chose de promettre de nouvelles baisses de production avant d'avoir mis en oeuvre les réductions déjà décidées», observent ainsi les auteurs. Pour le CGES, les prix du pétrole restent en bonne partie victimes de leur cherté cette année.

«Il a fallu 40 mois aux prix du pétrole pour passer de 50 à presque 150 $ US et seulement 4 mois pour retomber», ont ainsi rappelé ses analystes.

Selon eux, «les consommateurs continuent à réagir aux prix élevés du pétrole (observés) récemment» et la destruction de la demande est un phénomène irréversible.

«Une baisse des prix de l'essence de 25 à 30% ne va pas changer les nouvelles habitudes de conduite des consommateurs», d'autant qu'ils craignent pour leurs revenus et leurs emplois, souligne ainsi le CGES.

Seule note tempérant un peu le pessimisme entourant la demande: «l'offre hors-OPEP est peu susceptible de progresser en 2008 ou en 2009». «La Russie, le Mexique et la Norvège ont déjà répondu, bien qu'involontairement, à la demande de soutien qui leur a été adressée par l'OPEP», ironisent les auteurs du rapport, qui rappellent que la production a décliné sur un an dans ces trois pays.

Lors de sa dernière réunion, l'OPEP a invité sans succès les autres producteurs à la soutenir dans ses efforts de stabilisation des prix en procédant eux aussi à des réductions de leur production.