Votre nouvelle flamme insiste pour convoler en justes noces et vous ne pouvez mettre la main sur votre jugement de divorce, probablement mal rangé?

Votre nouvelle flamme insiste pour convoler en justes noces et vous ne pouvez mettre la main sur votre jugement de divorce, probablement mal rangé?

Tout n'est pas perdu. Vous pourrez en retrouver copie dans un des neuf centres d'archives de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Répartis dans les diverses régions de la province, chacun recueille les archives de l'administration publique, des tribunaux, des notaires, de l'état civil, depuis le régime français.

À Montréal, le Centre d'archives est situé au 535, avenue Viger Est, dans le bel édifice de style beaux-arts qui a d'abord accueilli l'École des hautes études commerciales, en 1910.

Derrière le vieil immeuble, un cube grisâtre de quatre étages, semblable à un énorme coffre-fort, contient et préserve des kilomètres de rayons de documents. L'archiviste François David y voit une analogie avec la boîte dans laquelle vous conservez vos plus précieux souvenirs de famille.

Nous guidant dans une des 20 magasins de conservation, il saisit un classeur de plastique sur un rayon, y prend une chemise et l'ouvre: les feuillets jaunis relatent le procès pour meurtre de Jean-Baptiste Touchon, en 1746. Un petit pan d'histoire...

Découvrir qu'on a un ancêtre meurtrier, «ça peut surprendre», reconnaît François David. Mais d'autres chercheurs apprendront avec ravissement qu'ils descendent en droite ligne d'un brasseur établi dans le Vieux-Montréal, et entreprendront aussitôt une recherche théorique et pratique sur l'art brassicole à l'époque de la Nouvelle-France. «Certaines personnes viennent ici depuis 10 ou 15 ans», indique M. David.

Car vous pouvez, vous aussi, vous rendre à un centre d'archives et enquêter sur l'histoire de votre famille. «Les gens sont intimidés, pensent que ce n'est que pour les érudits, déplore François David. Mais il y a des outils, des gens sur place pour les aider.»

Dans une salle de lecture haute de quatre étages, bordés de galeries aux planchers de verre - d'origine! -, une dizaine de visiteurs consultent les ouvrages de référence qui les guideront vers les documents pertinents, souvent sur microfilms.

Ceux-ci pourront ensuite être parcourus sur des visionneuses branchées à des ordinateurs. Le chercheur peut ainsi enregistrer le document qui l'intéresse sur sa clé USB.

De plus en plus de documents anciens sont numérisés. Dans une salle de transfert, c'est l'opération que la technicienne en documentation Sylvie Desroches effectue sur un congé de traite de fourrures accordé en 1744 par le marquis de Beauharnois, gouverneur de la Nouvelle-France. «Nous avons permis aujourd'hui à Dominique Godet de partir de cette ville avec un canot équipé de cinq hommes...» peut-on lire sur le document. Encore un pan d'histoire...

Bien sûr, les archives s'enrichissent avec chaque année qui s'ajoute au passé. Dans son bureau, l'archiviste Marthe Léger répertorie et classe les documents nouvellement arrivés, publics ou privés. Sur une étagère, des classeurs en carton contiennent une partie du fonds Jacques Parizeau, dont elle espère avoir terminer le classement à la fin de l'année. «Même à 15 ans, il écrivait superbement bien», constate-t-elle. Un futur pan d'histoire...

Et c'est ainsi que les actes notariés, registres, documents historiques sont conservés pour la postérité, y compris votre jugement de divorce... si vous l'étiez véritablement. «Il y a des gens qui ont appris qu'ils n'étaient pas divorcés, relate François David: le jugement n'avait jamais été rendu!»