Il n'y a pas que les gouvernements qui sont frappés par les dépassements de coûts. Rio Tinto Alcan a confirmé hier qu'il modernisera sa centrale hydroélectrique de Shipshaw, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le hic: ça coûtera beaucoup plus cher que prévu.

Il n'y a pas que les gouvernements qui sont frappés par les dépassements de coûts. Rio Tinto Alcan a confirmé hier qu'il modernisera sa centrale hydroélectrique de Shipshaw, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le hic: ça coûtera beaucoup plus cher que prévu.

Malgré le contexte économique difficile, le géant de l'aluminium a confirmé qu'il puisera dans ses poches pour doter sa centrale Shipshaw d'une nouvelle turbine capable de fournir 225 mégawatts d'électricité.

Le projet avait été évalué à 130 millions de dollars par Alcan en avril 2007. Un an et demi plus tard, les nouveaux propriétaires, Rio Tinto Alcan, parlent plutôt de 228 millions... US. «Il y a eu une escalade considérable des coûts au cours des dernières années, a expliqué hier à La Presse Affaires le président et chef de la direction de Rio Tinto, Tom Albanese. Le coût des matériaux, de l'énergie, même de la main-d'oeuvre a augmenté.»

Révision

La situation illustre la difficulté d'investir par les temps qui courent. Il y a deux semaines, Rio Tinto avait annoncé une vaste révision de tous ses projets d'expansion devant l'extrême volatilité du prix des ressources et les difficultés de financement.

M. Albanese a confirmé hier que les projets d'agrandissement des alumineries de Saguenay et d'Alma, comme tous les autres, n'échapperont pas au processus.

«On demande à nos ingénieurs de tailler leurs crayons et de revoir l'ensemble des projets», a-t-il dit.

En entrevue à La Presse Affaires, M. Albanese n'a pas voulu garantir que les projets d'installation de la nouvelle technologie AP50 au Saguenay et l'expansion de l'usine d'Alam auront bel et bien lieu.

Il a toutefois souligné que Rio Tinto Alcan avait déjà investi 430 millions US dans le projet AP50.

«Nous reconnaissons que le développement de la technologie AP50 fait partie des engagements que nous avons pris avec le Québec. À l'heure où l'on se parle, nous avons plus de 150 personnes qui travaillent là-bas et je crois que nous continuerons à travailler sur le projet», a-t-il dit.

Quant à l'expansion de l'usine d'Alma, qui est à un stade moins avancé, M. Albanese la considère comme «une partie importante de nos perspectives de croissance».

M. Albanese souligne que Rio Tinto a annoncé à une semaine d'intervalle des investissements de 300 millions US à Kitimat, en Colombie-Britannique, et de 228 millions US au Saguenay.

«Faire des investissements aussi importants en des temps économiques aussi difficiles confirme l'engagement de Rio Tinto envers le Canada, le Québec et l'aluminium», a-t-il plaidé.

M. Albanese a affirmé que, malgré les baisses récentes des coûts du pétrole et de certaines matières premières, l'heure restait à la prudence et qu'il n'était «pas réaliste» de devancer certains projets d'investissement pour profiter de ces baisses.

M. Albanese a par ailleurs affirmé qu'il voyait le ralentissement actuel de la Chine comme une «pause» et qu'il tablait sur une reprise prochaine de la demande chinoise pour propulser son entreprise.