Les sceptiques sont confondus, comme aimait le dire le capitaine Bonhomme. Les manufacturiers ne se laissent pas abattre par la concurrence chinoise, la force relative de notre monnaie ou par le marasme de l'économie américaine.

Les sceptiques sont confondus, comme aimait le dire le capitaine Bonhomme. Les manufacturiers ne se laissent pas abattre par la concurrence chinoise, la force relative de notre monnaie ou par le marasme de l'économie américaine.

À preuve, pour la cinquième fois en six mois, la valeur de leurs livraisons a grimpé de 2,1 % en juin, après des hausses appréciables de 2,2 % et de 2,7 % au cours des deux mois précédents, a indiqué hier Statistique Canada. Les résultats ont déjoué les experts, qui avaient parié sur une hausse deux fois plus faible.

Et ce n'est pas qu'affaire de prix, même si les cours des produits de base et de l'énergie n'avaient pas l'allure d'aubaines ce printemps.

Exprimées en volume, les ventes des fabricants se sont tout de même accrues de 0,6 % durant le mois. Sur une base annualisée, la tendance des livraisons des fabricants exprimées en volume a bondi de 5,3 % durant le printemps, en nette rupture avec la décroissance des trois trimestres précédents.

Cependant, la remontée des volumes n'est pas aussi rapide que leur chute abrupte et répétée des trois mois d'hiver de sorte que, tout compte fait, les volumes expédiés en avril, mai et juin restent inférieurs de 1,4 % à ceux de l'hiver. «Le deuxième trimestre a été le quatrième de contraction de suite pour les ventes manufacturières», déplore Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. Le recul est toutefois beaucoup moins important cette fois-ci.

La progression a été observée dans 14 des 21 industries et dans neuf provinces sur 10, le bonnet d'âne revenant à la Colombie-Britannique. Au Québec, les ventes ont augmenté de 2,2 %.

Les ventes de métaux

Pour un huitième mois d'affilée, les ventes de métaux de première transformation, de pétrole et de charbon étaient en forte hausse, la demande mondiale continuant d'être soutenue.

À 52,5 milliards, les livraisons de juin étaient les troisièmes en importance à ce jour. Le sommet de 53,1 milliards remonte à mars 2007 alors que l'économie canadienne avançait encore à vive allure.

En décembre, quand la croissance a soudainement flanché, la valeur des expéditions est plongée à 48,7 milliards.

Sommet

Il y a mieux encore. La valeur des commandes en carnet a atteint 64,2 milliards en juin, un sommet. Depuis un an, la progression dépasse la barre des 20 %. Ici encore, ce n'est pas qu'affaire de prix. Exprimées en dollars constants, elles sont en hausse de 1,4 %.

De même, les fabricants sont parvenus à garnir leur carnet pour s'assurer de bonnes affaires. Elles ont progressé de 1,9 % en valeur et de 1,5 % en volume.

La partie n'est pas pour autant gagnée. Le net recul des prix de l'énergie et des métaux va diminuer la valeur des expéditions au cours du deuxième semestre. Le recul du huard face au billet vert va mitiger en partie cette désescalade, puisque les cours de ces produits sont fixés en dollars américains.

«Les fabricants canadiens ont connu un bon mois de juin, mais ils font encore face à de grands défis, souligne Robert Kavcic, économiste chez BMO Marchés des capitaux. Le ralentissement américain, la restructuration du secteur automobile et la hausse du coût des intrants continueront de peser lourd.»