Techniquement, il ne s'agit pas encore de récession, définie par une croissance négative pendant deux trimestres consécutifs.

Techniquement, il ne s'agit pas encore de récession, définie par une croissance négative pendant deux trimestres consécutifs.

Mais le PIB a reculé de 0,2% au deuxième trimestre dans les 15 pays de la zone euro et de 0,1% dans les 27 pays de l'Union européenne, selon les estimations provisoires annoncées jeudi à Bruxelles par l'office statistique de l'UE, Eurostat.

Au premier trimestre 2008, la zone euro, comme l'Union européenne tout entière, avait connu une croissance de 0,7%, selon Eurostat.

La diminution du Produit intérieur brut (PIB) au second trimestre, d'avril à juin 2008, a été particulièrement marquée en Allemagne (-0,5%), en France et en Italie (-0,3%) d'après les chiffres annoncés séparément à Berlin, Paris et Rome.

En Allemagne, première économie d'Europe, le PIB n'avait plus enregistré de baisse depuis le troisième trimestre 2004, selon l'Office fédéral des statistiques. Le deuxième trimestre 2008, précise l'Office, a été marqué une baisse de la consommation des ménages allemands et un recul des investissements, particulièrement dans le secteur de la construction.

D'après le ministre allemand de l'Économie Michael Glos, «les turbulences sur les marchés financier, la hausse des produits pétroliers et la baisse du dollar américain montrent maintenant leurs effets en Allemagne».

La baisse du PIB aurait pu être pire, note toutefois Andreas Rees, du groupe financier UniCredit à Munich. Les économistes allemands, de fait, avaient prévu un recul de 0,8% au deuxième trimestre. Les données récentes ont fait apparaître un déclin persistant des commandes industrielles en Allemagne, ainsi qu'une baisse de la confiance des ménages et investisseurs.

«Pour la deuxième moitié de cette année, nous pensons que la croissance sera modérée et clairement en dessous de son potentiel, mais qu'il n'y aura pas de récession déclarée», prédit Andreas Rees.

En France, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), le PIB a baissé de 0,3%, sur fond d'inflation élevée, de déficits commerciaux record et de consommation en berne. Le gouvernement s'est cependant efforcé de minimiser la portée de ces mauvais chiffres, en balayant le spectre de la récession.

Cette «estimation provisoire d'activité» fait «suite à une croissance de 0,4% au premier trimestre», ont souligné les services du premier ministre, remarquant par ailleurs que cette dégradation «touche l'ensemble des pays développés en particulier les pays européens».

«C'est un choc économique en retour de la crise financière de l'été dernier qui a amené une augmentation très significative du prix des matières premières et en particulier du pétrole», a de son côté analysé la ministre française de l'Économie, Christine Lagarde.

Cela «a entraîné une résurgence de l'inflation comme on ne l'avait pas vue depuis de nombreux mois». Sur un an, les prix ont progressé de 3,6%, un taux inchangé par rapport au mois de juin.

La zone euro comprend la Belgique, l'Allemagne, l'Irlande, la Grèce, l'Espagne, la France, l'Italie, Chypre, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, l'Autriche, le Portugal, la Slovénie et la Finlande.

Par comparaison, note Eurostat, le PIB des États-Unis a crû au deuxième trimestre de 0,5%, après +0,2% au premier trimestre. Au Japon, en revanche le PIB a diminué de 0,6% au cours du deuxième trimestre, après un gain de 0,8% au trimestre précédent.

Par ailleurs, en comparaison avec le deuxième trimestre de 2007, le PIB corrigé des variations saisonnières de la zone euro a enregistré une croissance de 1,5% et celui de l'UE27 de 1,7% entre avril et juin 2008.