Même s'ils avaient reçu la consigne de ne pas commenter l'annonce de la suppression de 2000 postes, des employés d'Air Canada (T.AC.A) à l'aéroport Montréal-Trudeau ont tout de même exprimé leurs sentiments hier. Leurs réactions oscillaient entre la colère et la résignation.

Même s'ils avaient reçu la consigne de ne pas commenter l'annonce de la suppression de 2000 postes, des employés d'Air Canada [[|ticker sym='T.AC.A'|]] à l'aéroport Montréal-Trudeau ont tout de même exprimé leurs sentiments hier. Leurs réactions oscillaient entre la colère et la résignation.

«Entre toi et moi, ce qui se passe là, c'est une arnaque. La compagnie se sert du contexte pour mettre à pied en douce des employés. Quand la situation se sera améliorée, peut-être qu'ils voudront en réengager à moindre coût», a confié à La Presse un agent d'enregistrement qui a demandé à garder l'anonymat.

«Il y a déjà eu des mesures pour pallier la hausse du pétrole, les billets sont plus chers, il y a plein d'extras payants, alors je pense que c'est juste un prétexte», a-t-il ajouté.

D'autres employés étaient plus résignés.

«Tout le monde est affecté par le prix du pétrole. Toutes les entreprises sans exception. Air Canada est peut-être juste plus intelligente que d'autres et prend les moyens pour survivre avant qu'il soit trop tard», affirmait une agente d'enregistrement, elle aussi sous le couvert de l'anonymat.

«À un moment il va falloir que ça arrête! L'essence est rendue à 1,50 $ ! Air Canada ne peut pas juste augmenter indéfiniment le prix des billets. Jusqu'à combien vous seriez prêt à payer, vous, pour un billet d'avion?» renchérissait sa collègue.

Croisé au retour d'un vol, un pilote d'Air Canada Jazz s'estimait chanceux d'effectuer des liaisons régionales, qui sont à peu près épargnées dans les réductions de capacité.

Les employés d'Air Canada ont été mis au fait de la nouvelle en même temps que tout le monde, hier matin. «Vous me l'apprenez», a dit à La Presse une agente de bord étonnée.

Réactions des syndicats

En après-midi, le syndicat des pilotes a publié un communiqué prudent dans lequel il disait ne pas pouvoir juger de l'impact des compressions: «Mettre à pied des pilotes est généralement une mesure coûteuse pour un transporteur. Il faut au moins six mois pour les entraîner advenant le cas où ils sont réembauchés», a fait remarquer son président, Andy Wilson.

Plus ébranlé, le syndicat des machinistes parlait, lui, de mises à pied «dévastatrices».

«On ne s'attendait pas à ça. On pouvait voir, avec le coût du pétrole, qu'il pourrait y avoir des impacts, mais on ne s'attendait pas à voir un nombre de 2000 mises à pied», a indiqué un porte-parole, Georges Bujold.

«Nos membres sont inquiets. Depuis la faillite (Air Canada s'est placée sur la Loi sur les arrangements avec les créanciers en 2003), on dirait que, chaque fois qu'on arrive à se rétablir, il y a toujours des surprises, que ce soit la situation économique ou la vente d'ACTS (Services techniques d'Air Canada) à une société américaine. Ça nous perturbe un peu.»

Les employés d'Air Canada espèrent maintenant que les départs se feront surtout sur une base volontaire. Le syndicat des machinistes s'est engagé à tenter de réduire le nombre de pertes d'emplois, en favorisant le temps partagé entre travailleurs.