Les autorités financières britanniques ont mis le holà cette semaine aux rumeurs de marché infondées, très écoutées en période d'incertitude sur l'étendue de la crise financière actuelle, et qui permettent à certains de s'enrichir par la peur.

Les autorités financières britanniques ont mis le holà cette semaine aux rumeurs de marché infondées, très écoutées en période d'incertitude sur l'étendue de la crise financière actuelle, et qui permettent à certains de s'enrichir par la peur.

L'Autorité des Services Financiers (FSA) et la Banque d'Angleterre (BoE) sont spontanément intervenues mercredi pour faire cesser la chute en Bourse de la cinquième banque du pays HBOS que la rumeur disait prête à lancer un SOS à la BoE.

Cette idée a été plus ou moins crédibilisée par la chute la semaine dernière de la banque américaine Bear Stearns, par le statut de premier prêteur immobilier de HBOS au Royaume-Uni, pays où les prêts au logement sont presqu'aussi téméraires que les fameux «subprimes» américains à l'origine de la crise actuelle, et par le précédent en septembre de Northern Rock, ex-fleuron de la Bourse de Londres qui vient d'être nationalisé pour éviter sa faillite.

La plupart des banques de la City ont depuis août été victimes de rumeurs alarmistes, notamment Barclays et Royal Bank of Scotland qui ont la réputation d'avoir beaucoup misé sur le subprime américain mais qui se tirent jusqu'à présent plutôt bien de la tempête, ou des établissements très tournés vers les ménages comme Alliance & Leicester ou Bradford & Bingley.

Mercredi, HBOS a perdu jusqu'à 17% sur la foi de ces rumeurs, malgré ses dénégations vigoureuses.

On a vu alors, fait rarissime, le porte-parole de la BoE téléphoner à la presse pour démentir la chute de HBOS et la tenue d'une prétendue réunion de crise qui aurait obligé les patrons de la banque centrale à annuler un voyage à l'étranger.

De son côté la FSA a émis un communiqué aussi bref que menaçant pour annoncer qu'elle enquêtait sur «de récents mouvements d'actions» après «une série de rumeurs complètement infondées sur des établissements financiers britanniques».

«Nous ne tolérerons pas que des intervenants du marché tirent profit des conditions actuelles en diffusant de fausses rumeurs et en effectuant ensuite des opérations», a prévenu la FSA, citant explicitement la pratique des «ventes à découvert».

Elle a indiqué jeudi que de nombreux acteurs du marché s'étaient manifestés pour donner des indications sur l'origine des rumeurs. «Ils nous aident, c'est un comportement qu'ils veulent voir disparaître», a-t-elle indiqué.

La «vente à découvert», pratiquée surtout par les fonds spéculatifs, consiste à parier sur la chute d'un cours pour faire de l'argent. Ce n'est pas illégal tant qu'on n'alimente pas à dessein la baisse par de fausses informations.

Selon des chiffres publiés par le cabinet Data Explorers, 6% du capital de HBOS fait l'objet de prises de position sur des ventes à découvert actuellement, contre 4,5% en moyenne pour l'ensemble des 350 plus grosses compagnies de la place londonienne. Cela monte jusqu'à 22% pour Bradford & Bingley ou 21% pour Alliance & Leicester.

HBOS a finalement perdu 7% mercredi. Mais elle a regagné 6,16% jeudi.

Les patrons des banques britanniques ont rencontré jeudi le gouverneur de la BoE Mervyn King lors d'une réunion dont il a été souligné qu'elle n'avait pas de caractère d'urgence. Ils devaient lui demander des liquidités supplémentaires en cas d'aggravation de la crise.

Ces demandes soulignent que, comme le rappelait jeudi le Times, malgré «leurs succursales en marbre pour avoir l'air solide et leurs chapeaux melons pour avoir l'air prudent», les banques sont en effet les entreprises les plus fragiles car leur activité repose uniquement sur la confiance.

Celle des consoeurs qui peuvent, sur un doute, tarir les prêts qu'elles se font entre elles, ou celles de la clientèle, capable du jour au lendemain de retirer toute son épargne comme on l'a vu en septembre pendant trois jours de panique à Northern Rock.