«Chalet de prestige sur le bord du lac Memphrémagog à louer à l'approche de la Saint-Valentin (...) C'est l'endroit pour profiter de l'hiver. Bienvenue dans la région de Magog-Orford. Contactez Donald.»

«Chalet de prestige sur le bord du lac Memphrémagog à louer à l'approche de la Saint-Valentin (...) C'est l'endroit pour profiter de l'hiver. Bienvenue dans la région de Magog-Orford. Contactez Donald.»

Le message rédigé en anglais sur le site de petites annonces gratuites Kijiji ressemble à tant d'autres. Sauf que le Donald en question, c'est Donald Lacroix, le père de Vincent Lacroix.

Une journaliste et un photographe de La Presse ont répondu à l'annonce par courriel. Nous nous sommes fait passer pour un jeune couple afin de visiter le «chalet de prestige».

Le père de Vincent a simplement dit s'appeler Donald, «un agent immobilier, ami du propriétaire». Il nous dit qu'il avait déjà travaillé en publicité. «Le propriétaire est parti pour cinq ou six mois», nous a-t-il répondu lors que nous lui avons demandé la raison de la location.

M. Lacroix a insisté pour être payé en argent liquide. «J'ai déjà été payé par chèque quand je l'ai loué une fin de semaine et le chèque a rebondi», a-t-il justifié. Il nous a offert de louer le chalet toute la semaine de relâche en mars, en plus de cette fin de semaine-ci pour 2000$. Si nous voulions louer uniquement cette fin de semaine, ce sera 575$ «cash only», nous a-t-il reprécisé dans un courriel le soir même.

Rendez-vous au Ranch du spaghetti

Donald Lacroix nous a donné rendez-vous au Ranch du spaghetti, restaurant situé sur le bord de l'autoroute 10, à 14h30 mercredi. À notre arrivée dans le stationnement du Ranch, il était déjà là. Il nous a accueillis d'une chaleureuse poignée de main en nous invitant à le suivre en voiture.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons au 328, avenue de la Chapelle. Il nous fait d'abord visiter la cour arrière. Cette dernière donne sur le lac Memphrémagog. Il y a un spa extérieur et un grand cabanon. M. Lacroix nous vante la vue sur le lac et nous invite à visiter l'intérieur du chalet.

Crosby et Le Parrain

Pas de doute que la famille Lacroix y vivait encore très récemment. Il y a notamment des photos de Vincent Lacroix affichées dans l'entrée. On y voit, par exemple, l'homme d'affaires déchu sur un yacht dans le Sud.

Le chalet a deux étages, en plus d'un sous-sol. Il comprend trois chambres d'adultes avec autant de salles de bains (une avec jacuzzi) et une chambre d'enfants. Dans la salle à manger, il y a une baie vitrée avec vue sur le lac. Une photo autographiée de la vedette de hockey Sidney Crosby trône sur un meuble de cette pièce.

Le salon du rez-de-chaussée est muni d'un large écran de télévision. Des DVD ont été laissés là, dont la collection des films du Parrain. Au moins le tiers du sous-sol est consacré à un établi dans lequel il y a un cellier.

Une fois la visite terminée, M. Lacroix nous a rappelé le «package deal». Il nous a demandé de lui donner des nouvelles rapidement. «J'ai eu beaucoup d'appels depuis que j'ai mis l'annonce», a-t-il précisé.

Le lendemain (jeudi), nous l'avons rappelé pour lui faire part de notre hésitation. «Nous avons remarqué les photos de Vincent Lacroix sur les murs», lui a-t-on dit. M. Lacroix nous a alors confirmé que c'était le chalet de son fils. «Il n'y aura pas de problème. On l'enlèvera la photo, si ça te dérange», a-t-il ajouté.

Après lui avoir révélé notre identité, le ton a changé. M. Lacroix nous a répété à plusieurs reprises que «tout est légal».

«On a le droit de gagner sa vie. On a le droit de louer ce qui nous appartient. En autant que je sache, le chalet est encore au nom de Sylvie Giguère (femme de Vincent)», a-t-il répondu. S'il s'est présenté comme agent immobilier, c'est qu'il est en pleine formation au cégep de Granby. Son cours d'agent a commencé en octobre dernier et se termine en juin, nous a-t-il indiqué.

Pourquoi ne pas avoir dit à qui appartenait le chalet? «Je n'ai pas à embarquer là-dedans. Si les gens le veulent, ils le louent. S'ils ne le veulent pas, ils ne le louent pas», estime Donald Lacroix. Avis aux intéressés.