La Banque du Canada semble pour l'instant incapable de trouver la direction à adopter pour la poursuite de sa politique monétaire, tant la conjoncture économique s'est compliquée depuis l'été.

La Banque du Canada semble pour l'instant incapable de trouver la direction à adopter pour la poursuite de sa politique monétaire, tant la conjoncture économique s'est compliquée depuis l'été.

La consommation des ménages a dopé plus que prévu la croissance canadienne au printemps et à l'été, le marché de l'habitation surprend par sa robustesse.

À l'opposé, la crise de l'immobilier résidentiel américain affaiblit l'économie américaine tandis que sa monnaie se déprécie plus vite que prévu.

Cela a entraîné une hausse vertigineuse du prix du pétrole et du dollar canadien qui vont réduire l'appétit des États-Unis pour les biens canadien.

Ajoutez à cela la crise des liquidités dont on n'a pas encore pris toute la mesure et la cour est pleine!

Comment faire pour s'assurer que l'inflation progresse au rythme idéal de 2% dès lors qu'elle file un peu plus vite depuis plus d'un an?

«Le ralentissement attendu de l'activité aux États-Unis, conjugué à l'appréciation du dollar canadien et au léger resserrement des conditions du crédit, compense largement la vigueur de la demande intérieure, rétablissant ainsi l'équilibre entre la demande et l'offre globales. Dans ce scénario, le taux directeur demeure inchangé», lit-on dans le Sommaire du Rapport sur la politique monétaire (RPM).

Évidemment, aucun scénario de perspective économique ne se déroule exactement comme prévu. Mardi, la Banque avant reconduit son taux directeur, fixé à 4,50% en juillet. Elle affirmait qu'il se trouvait «à un niveau compatible avec la réalisation de sa cible d'inflation à moyen terme».

Pas «approprié» comme la Banque avait écrit en septembre: compatible. Et jeudi: inchangé. Deux épithètes sans corrélation précise avec une ligne de conduite.

«Aussi loin que nous nous souvenons, nous ne pensons pas que la Banque ait fait ce type de déclaration en ce qui concerne son taux directeur», note avec à-propos Jacqui Douglas, stratège chez TD Valeurs mobilières.

La majorité des parieurs sur les marchés monétaires escomptaient hier une baisse du taux directeur d'ici le mois de mars. Ils s'appuient en particulier sur une petite phrase du RPM: «Tout considéré, la Banque juge que les risques à la baisse de son scénario puissent être légèrement prépondérants.»

Il en reste encore un bon nombre cependant à croire que la Banque n'aura d'autre possibilité que de majorer quelque peu le loyer de l'argent, une fois dissipé le spectre d'une récession américaine, grâce aux bons soins de la Réserve fédérale.

Dans son message, le gouverneur David Dodge a tenté de débrouiller un tantinet cet écheveau.

«Le principal risque à la hausse concerne la possibilité que la demande excédentaire au sein de l'économie canadienne persiste plus longtemps que prévu. Le plus grand risque à la baisse tient au fait que la production et l'inflation pourraient être plus faibles, si le taux de change du dollar canadien devait se maintenir au-dessus du niveau moyen postulé de 98 cents américains pour des raisons qui ne seraient pas liées à la demande de produits canadiens.»

Tout le monde attribue la fulgurante ascension du huard en septembre non pas tant à la demande de produits canadiens, mais à la faiblesse du billet vert. C'est peut-être faire fi d'un troisième élément qui corse beaucoup l'analyse: les fonds spéculatifs délaissent le billet vert pour acheter directement des commodités, avant tout du pétrole. Comment départager dès lors les causes véritables de la poussée de notre monnaie?

Chose certaine, elle fait mal. La Banque du Canada croit que l'économie canadienne a progressé de 2,5% seulement au troisième trimestre, comparativement à 3,9% et 3,4% durant l'hiver et le printemps.

Le ralentissement s'accentue en fin d'année avec une expansion projetée de 1,8%. L'économie canadienne tournera à 2,1% en première moitié de 2008, soit en deçà de son potentiel de 2,8%.

Au coeur de ces projections révisées à la baisse, on retrouve la croissance ralentie des exportations. Elle réduit à néant la vitalité accrue de la demande intérieure finale (consommation, investissements, logement et administrations publiques).

Enfin, en toile de fond qui donne un peu froid dans le dos, on lit à la toute fin du RMP que «les conséquences économiques sur les marchés financiers internationaux représentent une source d'incertitude. Il subsiste également une faible probabilité que les déséquilibres mondiaux ne se résorbent pas de façon ordonnée».